1783 Pour Herder le miracle de Josué est poétique.
Johann von Herder |
Johann Gottfried von Herder (1744-1803), à la fois poète, théologien et philosophe, est incontournable dans le domaine de la philologie allemande. Il quiita Mohrungen, sa ville natale, pour étudier
à Königsberg, où il suivit les cours d' Emmanuel Kant. Pasteur à Riga, où il se fit de nombreuses relations, il commença d'écrire sur la philologie, et vint se fixer à Weimar, en 1776, à l'instigation de son ami Goethe.
Dans l'enfance de Herder, ses premières lectures furent la Bible et Homère. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il intéressa à la poésie hébraïque, et c'est ainsi qu'il publia en 1782 Vom Geist der ebräischen Poesie (De l'esprit de la poésie hébraïque).
Cette étude va lui permettre de séparer, dans la Bible, les textes à prétention historique et ceux d'ordre seulement poétique. Et en particulier dans le livre de Josué qui en a bien besoin.
Im Buch Josua sinden wir dergleichen nicht; einige kühne Züge der Erzählung scheinen indeß aus Siegsliedern herzusenn und beim kühnsten derselben, der Stillstande der Sonne und des Mondes wird ausdrücklich des Buch der alten Heldengesänge (1) angeführe; daher es zu verwundern ist, wie man diese wircklich schöne Stelle so lange habe mißdeuten konnen. Josua geist di Amoriter frühmorgens an und schlägt sie bis in die Nacht; einen langen Tag also und der Tag schien sich zu Vollführung seines Siegs zu verlängern. Sonne und Mond, (denn bis in die Nacht hin verfolgte er den Feind) waren also Zeugen seiner Thaten: verwundernd scheinen sie am Himmel zu verweilen, bis er den Sieg vollendet. Die ganze Natur schien diesmal unter des helden Besehl zu stehn und seiner Feldherrn. Stimme zu gehorchen: denn Jehovah Selbst gehorchte ihr, nicht nur daß er ein göttliches, d.i. panisches Schrecken aud die Feinde sandte, sondern da sis flohen, si auch mit einem Hagelwetter verfolgte, gleichsam als Josuas ver bündeter Mitstreiter. Dergleichen Vorstellungen aus der Geschichte des Tages lagen zum Grunde, und nun heißts in der Erzählung:
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Dans le livre de Josué, nous ne trouvons pas de telles choses; certains traits hardis du récit semblent provenir de chants de victoire, et le plus hardi d'entre eux, l'arrêt du soleil et de la lune, est expressément cité dans le livre des anciens chants héroïques (1); c'est donc surprenant, comment on puisse mal interpréter si longtemps ce passage vraiment magnifique. Josué attaque les Amoréens tôt le matin et les bat jusque dans la nuit; une longue journée donc et le jour semblait s'allonger jusqu'à l'achèvement de sa victoire.
. Le soleil et la lune (car il a poursuivi l'ennemi jusque dans la nuit) ont ainsi été témoins de ses actes: étonnés, ils semblent s'attarder dans le ciel jusqu'à ce qu'il achève la victoire. Toute la nature semblait cette fois-ci être sous le commandement du héros et de son général. Voix pour obéir: car Jéhovah lui-même lui obéit, non seulement pour avoir envoyé une divine, c'est à dire une panique terreur sur les ennemis, mais alors qu'ils fuyaient, les poursuivit d'un orage de grêle, comme compagnon allié de Josué. De telles images de l'histoire de ce jour sont à la base, et maintenant s'inscrivent dans le récit:
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1) Entweder hat dies Buch רשי von ריש (Gesang) den Namen, und wenn es ein Buch Israelitischer Heldenlieder war: so fing es wahrscheinlich mit dem Liede am rothen Meer, also mit dem Wort ארישה an, und bekam vielleicht davon der Namen. Oder רשי hieß so viel als das Heldenbuch, weil es der Name den Heldenruhms dieses Volks war, daß sie הרישא (αγαθοι) waren, wie wir bei del Lobe Bileams und sonst gesehen habe. Beides geht auf Eins hinaus, wenn man רשי das Buch der Heldenlieder überseßet : daß es ein solches gewesen, zeigt sein Inhalt.
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1) Ou bien ce livre, רשי tire son nom de ריש (chant), et s'il était un recueil des chants héroïques d'Israël , il devait nécessairement commencer par le chant sur le passage de la mer Rouge, et donc par ce mot :ארישה qui, peut-être, lui a donné son nom. רשי peut signifier aussi livre des héros, parce que ce nom est le nom héroïque des enfants d'Israël, qui étaient des הרישא (αγαθοι) ainsi qu'on l'a déjà vu dans la bénédiction de Balaam et ailleurs. Soit qu'on traduise רשי par livre des héros ou par recueil de chants héroïques , son contenu prouve qu'il renfermait des chants semblables.
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Und als sie flohn vor Israel,
den Weg hin, nach Bethhoron zu:
da warf Jehovah Große Steine
vom Himmel über sie,
den Weg hin, bis gen Azekah. Sie flelen
Mehr fielen von den großen Hagelsteinen,
als gefallen waren von der Israeliten Schwert.
Da wars als Josuah zu Jehovah sprach,
am Tage, da ihm Jehovah den Amoriter gab
vor allem Israel;
er sprach vor allem Israel:
"Steh Sonne still zu Gibeon!
verweile Mond im Thal!
Es stand die Sonne, es weilete
der Mond in Ajalons Thal.
bis daß vollendet war der Sieg,
der Sieg fûr Israel."
Denn stehts nicht ausgeschrieben im heldenliederbuch?
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Et alors qu'ils s'enfuyaient devant Israël,
sur le chemin vers BethHoron,
Jéhovah jeta de grosses pierres
du haut du ciel sur eux ,
le long du chemin jusqu'à Hazéka. Ils tombèrent!
il en tomba plus sous ces grosses pierres de grêle,
qu'il n'en était tombé sous le fer des Israélites.
C'était ce jour-là que Josué parla à Jéhovah ,
au jour où Jéhovah lui livra l'Amorrhéen
devant tout Israël
il dit devant tout Israël :
Arrète-toi, soleil , sur Gabaon ,
demeure, lune, dans la vallée!
Et le soleil s'arrêta, et demeura
la lune dans la vallée d'Ajalon ,
jusqu'à ce la victoire fut achevée,
la victoire d'Israël !
Car, n'est-il pas écrit dans le livre des chants héroïques :
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"In Mitte der Himmel stand die Sonne still: ging nicht zur Ruh, obschon der Tag vollendet war, Wie dieses Sieges Tag war nie ein Tag vor ihm und nach ihm her, darinn Gott selbst des Helden Wort gehorchte, denn Er Jehovah selbst stritt mit vor Israel."
Wer siehet nicht, daß dies Poesie sei, wenn auch kein Heldenliederbuch angeführt ware? Der Sprache Israels waren solche Ausdrücke weder kühn noch fremde. Wie oft heißts im gemeinen Styl der Geschichte: "Gott Stritt für Israel." Im Liede der Deborah streiten sogar die Sterne. Sonne und Mond und eilf Sterne neigen sich dort im Traum vor einem Hirtenjünglinge: die Sonne hat ihre Schlafkammer und weiß die Zeit, wenn sie zur Ruhe eingehen kann u.f.(2).
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« Le soleil s'arrêta au milieu du ciel, il n'alla pas se reposer, bien que le jour était déjà terminé ? Comme jour de victoire il n'y en eut ni avant, ni après, ce jour où Dieu lui-même obéit à la parole du héros ; où Jéhovah lui-même combattit avec lui pour Israël. »
Qui ne verrait que ceci est de la poésie , même si on n'avait pas cité le livre des chants héroïques? Dans la langue d'Israël, de telles expressions n'étaient ni hardies, ni étrangères . Que de fois est-il dit dans le style commun de l'histoire : « Dieu combattit pour Israël. » Dans le Cantique de Débora même les étoiles se battent ; Le soleil, la lune et onze étoiles s'inclinent dans le rêve d'un jeune berger: le soleil a sa chambre à coucher, et connait le moment où il peut se reposer. etc. (2).
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2) Es kann seyn, daß Josua den Wunsch laut geaußert, daß sich der Tag verlängern möchte (haben wir nicht solche Wünsche der Helden im Homer ? liegen sie nicht so ganz im Feuer des Schlachtgeistes ? ) und als sich dieser bestätigte , als es ungewöhnlich lang licht blieb und der Himmel selbst noch zuleßt durch ein Hagelwetter Israel zu Hülfe zu kommen schien; was war natürlicher, als daß der Siegsgesang dies Prachtgemälde eines Tages ohne Seines gleichen zusammenstellte, den Helden redend einführte, Jehovah Selbst unter seinem befehl gab, Sonn und Mond zu Theilnehmerinnen des Siegs, zu Bewunderern seiner Tapferkeit machte, u.f.
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2) Il est possible que Josué ait manifesté le désir que le jour pût se prolonger. (n'avons nous pas de tels voeux des héros dans Homère ? ne sont ils pas si complètement dans le feu de l'esprit de la bataille?) et quand cela a été confirmé, quand il est resté exceptionnellement long, et que le ciel lui-même semblait encore venir au secours d'Israel à travers un orage de grêle; n'était-il pas naturel, que le chant de cette victoire composat un tableau magnifique de ce jour dans égal, qu'on montrât le héros, que Jehovah lui même donna sous son commandement, que le soleil et la lune prennent part au combat, pour admirer sa bravoure, etc.
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(J. G. Herder, Vom Geist der Ebraischen Poesie, Deßau, 1783, t. 2, p. 247-251)
Note: Herder est ici bien optimiste. Qui ne verrait que ceci est de la poésie , même si on n'avait pas cité le livre des chants héroïques? Mais quasiment personne ne l'a vu, alors même que c'était écrit dessus (ou plus exactement, dessous). Au siècle précédent, il n'y a guère que Grotius qui l'avait vu, et il faudra attendre encore plus d'un siècle avant qu'un théologien, plus malin que les autres, ne se rende compte que c'était effectivement de la poésie.
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Dernière mise à jour: 22/10/2019
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