A Wandonne la lune a failli tuer...
Croiriez vous que, paniqué par l'apparition de la lune, un témoin brule un stop à 120 km/h, au risque de se tuer... et de tuer les autres?
C'est pourtant bien ce qui s'est passé le 17 novembre 1977, sur le territoire de la commune de Wandonne, au carrefour de la départementale 126, et de la nationale 28.
Ce soir là, vers 23H 40, M. et Mme Halloy qui regagnaient Etaples a bord de leur voiture, aperçurent, alors qu'ils étaient arrivés ce carrefour, une sorte de nuage lumineux rouge orange qui semblait a des dizaines de km. Ils n'avaient pas fait 1 km que l'objet semblait maintenant à une distance de 200m, et à 15 m du sol, immobile.
M. Halloy décida de faire demi tour. Pendant qu'ils manoeuvraient, l’objet se plaça au dessus de l'axe de la route à 150 m d'eux, en oscillant légèrement. Rouge orange avec un liseré-blanc, il semblait faire environ 10 m et se reflétait sur la chaussée humide. La voiture étant repartie en sens inverse, Mme Halloy vit l‘objet les suivre en éclairant les bas cotés de la route par deux faisceaux lumineux plus pales que l'objet. Puis il décrivit une courbe ascendante à une vitesse vertigineuse, palit, et disparut totalement en quelques secondes.
Un OVNI de 10 m qui poursuit une voiture en émettant des faisceaux? C'était suffisamment important pour un supplément d'enquête. Aussi le président du GNEOVNI et son infatigable secrétaire retournèrent avec le témoin le 1 Avril 1978 sur les lieux de l‘observation.
L'enquête du GNEOVNI.
Nous apprimes des choses étonnantes.
Les détails apportés par l'enquète
L'objet fut découvert alors que la voiture marquait le stop à l‘intersection de la RN28, et n’ayant pas de forme précise, fut pris d'abord pour la lune. Le conducteur parcourut environ 500 m et vit que la luminosité ne cessait de croitre. Son épouse pensa alors à une soucoupe. Après 250 m Mr Halloy s‘arrêta, persuadé de quelque chose d’inhabituel: l‘objet avait une forme nette, discoîdale, sans détails apparents, et un diamètre de 10 à 20 m, à 200 ou 300 m. Il semblait planer à 15 m, légèrement à droite de l'axe de la route. Comme il semblait précédemment à des dizaines de km, le conducteur en déduisit qu‘il s‘était rapproché d'eux à une vitesse vertigineuse. Il voulut engager la voiture dans une cour de ferme mais la barrière étant fermée, dut manoeuvrer pour faire demi-tour, puis s’enfuit à 120 km/h, grillant le stop au passage. Mme Halloy regardant-par la vitre arrière vit l'objet qui semblait les suivre sur 2,5 ou 3 km en restant à la même hauteur. Après quoi il sembla s'élever rapidement et disparaitre en à peu près 2 secondes. Aucun-bruit ou perturbation sur le véhicule signalé.
Valeur des données
Le diamètre apparent au comparateur LDLN donne 1 cm à bout de bras soit 1,75 cm à 1 m, d‘après le compte rendu on avait 0,67cm à 1 m, et la même chose d‘après l'enquète. La moyenne est 1.03 ± 0.48 cm à 1m, soit 35' ± 17'.
La hauteur: 15 m d'après le compte rendu, l’enquête indique une hauteur égale au diamètre de l‘objet, Mais c'est une valeur estimée par rapport au terrain et non par rapport à l'horizon astronomique, plus bas de 2° (voir carte).
La direction. Se reflétant sur la chaussée, l'objet était donc dans l'axe de la route, dont l‘azimut est 250° 1/2. La route n‘étant pas plus large que l‘objet l'incertitude est égale au diamètre de l‘objet, celui ci était donc dans l'azimut 250° 1/2 ± 1/2°.
La vitesse vertigineuse initiale est une interprétation déduite des positions estimées de l'objet. La poursuite est une interprétation du fait que la hauteur et le diamètre angulaire restaient constants.
Conditions météorologiques: ciel couvert avec quelques trouées laissant parfois voir des étoiles, Les témoins n‘ont pas vu la lune.
(bulletin du GNEOVNI n° 5, 2ème trimestre 1978)
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Le témoin avait fait un croquis de l'objet qu'il avait vu:
croquis original du témoin | croquis mis en couleur |
Carte des lieux de l'observation.
Carte IGN actuelle. A l'époque, il n'y avait ni rond-point, ni éoliennne, et la D 928 était la RN 28
photo aérienne de l'époque.
Photo aérienne de l'époque. On voit qu'il n'y avait pas de rond point, bien que la route s'élargisse au niveau du stop.
Analyse.
L'objet, pris d‘abord pour la lune, semblait à des dizaines de km, puis se serait rapproché à une vitesse vertigineuse jusqu‘à 200 du 300 m?
Ceci est ABSURDE!. En effet, si à 20 ou 30 km (ou plus) le diamètre était comparable à celui de la lune, la distance ayant été divisée par 100, le diamètre devait augmenter dans le même rapport, or il est resté du même ordre (35'). L'estimation était donc purement subjective et la distance réelle de l'objet n'a pratiquement pas varié, bien que les témoins aient parcouru 750 m entretemps. L'objet était donc très lointain, ce que corrobore son premier aspect, flou et nébuleux, qui s‘explique par la position de l'objet derrière le plafond nuageux. Il était donc gigantesque: 300 m à 30 km, ou 500 m à 50 km, ou plus. Ca ne passe pas inaperçu...
Les témoins n’auraient pas vu la lune, bien que l‘ayant d‘abord confondu avec l'objet, ou était elle donc?
Les calculs faits à l'époque indiquaient:
A 23 H 40, azimut : 250° 22', hauteur sur l‘horizon : 2° 58'
Aujourd'hui, Stellarium indique des valeurs voisines:
A 23 H 40, azimut : 250° 27', hauteur sur l‘horizon : 3° 2'
Or cette direction est presqu'exactement celle de l'objet. Comment se fait il que au même emplacement que la lune les témoins observent un OVNI lui aussi très lointain, avec le même diamètre, la même inclinaison sur l'horizon et la même couleur??? En multipliant entre elles les probabilités de coincidence pour chaque donnée, il n'y a pas une chance sur 10.000.000 que cela arrive.
De plus, si OVNI il y avait vu, les témoins auraient du voir l'OVNI juste à coté de la lune, l'un cachant parfois l'autre, selon ses déplacements. Mais non. Les témoins n'ont vu que l'OVNI et pas la lune.
Impossible d'y échapper: L'OVNI était bien la lune.
reconstitution de la scène, au moment où la voiture va faire demi-tour.
Et justement, la lune explique tout: Apparaissant progressivement à travers une trouée de nuages, elle devient de plus en plus nette et lumineuse. Sa couleur rouge orange due à l'absorption atmosphérique se reflétant, vu l'incidence rasante, sur le revêtement mouillé. Les mouvements de la voiture pendant la manoeuvre la font paraitre osciller. Son diamètre et sa hauteur restant constants, elle parait suivre la voiture. Les nuages diaphanes qu‘elle illumine faiblement à sa droite et à sa gauche et qui se reflètent sur les cotés de la route, plus mouillés que le centre, donnent l'impression de pales faisceaux.
Voila donc un classique cas de "boule suiveuse", ou la lune reste vue dans la même direction, pendant que la perspective des nuages change avec le mouvement de la voiture. On voit sur la carte, d'après les courbes de niveau qu'à un moment donné l'inclinaison de la route change. La lune semble alors s'élever sur l‘horizon apparent avant que d'épais nuages ne la cachent.
Le témoin qui était infirmier dans un hopital psychiatrique devait avoir l'habitude de cotoyer des malades et donc de savoir reconnaitre un fantasme. Peut-être, mais cela ne faisait pas de lui un astronome amateur chevronné, capable de reconnaitre la lune dans n'importe quelle situation.
Comme la plupart des victimes du syndrome de la "boule suiveuse", ayant appris la triste vérité, il ne l'admit pas, la trouvant complètement invraisemblable.
Comme aurait écrit le journaliste de La Voix du Nord, qui raillait l'aventure de mme Nelly Mansart:
allez prétendre à M. et Mme Halloy qu'ils n'ont pas été littéralement poursuivis sur la route d'Etaples par une soucoupe rouge-orange, que leurs terreurs ont été vaines.... Autant promettre la lune.
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Conclusion.
Nous devons bien constater le comportement non seulement inapproprié, mais encore dangereux du témoin: Se croyant poursuivi par un engin mystérieux, il franchit un stop à 120 km/h. S'il avait connu le syndrome de la "boule suiveuse", il aurait su que, l'objet calquant toujours sa vitesse sur celle du véhicule, il ne servait à rien d'accélérer: il pouvait tout aussi bien s'arréter au stop: l'objet se serait arrété docilement aussi.
C'est, bien sûr, encore plus inapproprié pour nous, qui savons que l'objet n'était que la lune.
Certes, vu la faible circulation à cette heure là, le risque était bien moins grand qu'en plein jour, mais tout de même, "bruler" un stop à 120 km/h, c'est un peu comme jouer à la roulette russe, avec beaucoup d'emplacements vides, mais avec une balle tout de même.
Autrefois, sur les routes prioritaires, les carrefours protégés par un panneau "stop" étaient mentionnés par un panneau: "passage protégé".
Protégé... sauf contre les fous, les conducteurs ivres... et les témoins d'OVNI paniqués.
Car si, par malheur, un autre véhicule était arrivé au même moment, ne s'attendant pas à croiser, à 120 km/h, la voiture d'un témoin d'OVNI paniqué, vous imaginez la violence du choc! Il y aurait eu des morts...
Et c'est bien pourquoi nous concluons: le 17 novembre 1977, à Wandonne, la lune a failli tuer.