1532 Joachim Camerarius croit aux présages célestes.

Lycosthenes
Joachim Camerarius
Profigiorum
et son livre
Joachim Camerarius (1500-1574), descendant d'une famille de chambellans (kammermeister), fut un humaniste influent qui joua un grand rôle dans les affaires politiques et religieuses.
Dès 1512, il fut l'élève de l'humaniste Georg Helt à Leipzig. À partir de 1518, il étudia à l'Université d'Erfurt. En 1521, il poursuivit ses études à l'Université de Wittenberg, où il se lia avec Philipp Melanchthon.
En 1525, il occupa la chaire de littérature grecque, et en 1526 devint professeur de grec et de latin à Nuremberg.
En 1535, il aida à la réorganisation de l'Université de Tübingen, puis, De 1541 à sa mort, Camerarius fut professeur à l'Université de Leipzig.

Camérarius homme d'état.

Il embrassa un des premiers la réforme et joua aussi un grand rôle dans les affaires politiques et religieuses. En 1530, il aida Philippe Melanchthon à rédiger la Confession d'Augsbourg. Il fut chargé par le sénat de Nuremberg de plusieurs missions importantes, et jouit d'un grand crédit auprès des empereurs Charles Quint et Maximilien d'Autriche, ainsi que des ducs de Saxe Henri et Maurice.

Camérarius homme de lettres.

Camerarius a publié les œuvres de nombreux auteurs anciens, tels que Démosthène, Ésope, Hérodote, Homère, Quintilien, Sophocle, Théocrite, Théophraste, Xénophon et Thucydide. Il a également écrit des commentaires sur de nombreux écrits, par exemple de César et de Cicéron.
Il a également écrit des ouvrages sur l'histoire, la théologie, l'éducation, les mathématiques et l'astronomie. En plus de ses contributions à la recherche philologique classique, il a développé un système pédagogique qui a fait école.

Camérarius prodigiologue.

Partisan de l'astrologie, il a publié en 1535 la première édition grecque imprimée du Tetrabiblos de Ptolémée, avec sa traduction en latin, puis publia une seconde édition en 1553.
Mais quant aux prodiges et à leurs présages, Polydore Virgile en ayant oublié une réfutation en 1531, il se fit un devoir d'en faire, au contraire, une apologie.

le De Ostentis

Non seulement le livre de Camerarius prend le contrepied de celui de Polydore Virgile, mais il n'a pas du tout le même ton. Il ne rassure pas. Il s'inquiète de l'emballement des prodiges contemporains, comme d'autres prodigiologues vont s'inquiéter aussi, sans comprendre que les progrès dans la diffusion de l'information, grace à l'imprimerie, y sont pour quelque chose. Ce sont surtout les prodiges célestes qui attirent son attention, et en particulier les comètes. Et il en parle sur le ton qu'employaient les anciens pour effrayer le bon peuple.

Quid enim memorem obscoenos foetus, quid terrores ignota de caussa. Strepitus sonitusque armorum clamorumque, ac ruinarum fragores? Ad coelestia respiciamus. Vidimus deliquia luminum in geminari, facies insolitas in aere et nubibus notavimus, flammeos enses, cruces, hastas. Quibus omnibus quasi coronidem his diebus impositam stellam ex earum numero, quas Cicero crinitas vocat, vel ut aliqui malunt cincinatas, nos quoque non sine horrore aspeximus. Alors que dis-je du sinistre fantasme, des terreurs de cause inconnue. Le vacarme et le bruit des armes et des cris, et le fracas des écroulements ? Regardons les choses célestes. Nous avons vu la disparition des lumières se répéter, nous avons observé des aspects inhabituels dans l'air et les nuages, des flammes, des épées, des croix et des lances. Dont tout cela, ces jours ci, comme un paraphe, une étoile du nombre d'entre elles que Cicéron appelle chevelues, ou, comme certains préfèrent à cheveux bouclés, nous aussi les avons contemplé, non sans horreur.

La dernière phrase décrit manifestement une comète, d'une façon qui rappelle celle que Boaistuau utilisera une génération plus tard (et qui sera reprise par Ambroise Paré):

Ceste Comete estoit si horrible & espouventable, qu'elle engendroit si grand terreur au vulgaire, qu'il en monrut aucuns de peur, les autres tomberent malades.

Curieusement, le livre de Camerarius va plusieurs fois être édité avec celui de Polydore Virgile. C'est surtout remarquable en 1552, quand est éditée à Bâle le livre de Julius Obsequens reconstitué par Lycosthenes, suivi du livre de Polydore Virgile, puis de celui de Camérarius. Le lecteur dispose ainsi d'un catalogue de prodiges, suivie d'une discussion contre les prodiges, puis d'une discussion pour. En ce qui concerne les comètes, redoutées par Camérarius, elles vont ensuite faire l'objet de nombreux catalogues, où, pendant un siècle, on fera suivre chaque apparition des maux qu'elle était censée avoir annoncé.

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Dernière mise à jour: 02/06/2022