819 Croix lumineuse en Écosse

La chiasmophanie de l'an 819 est assez atypique, car il s'agirait d'une croix de Saint André. Elle serait à l'origine du drapeau écossais, comme la vision de Constantin aurait été celle du labarum. Mais les textes qui la mentionnent datent de sept siècles plus tard, et ce n'est probablement qu'une légende, d'autant que la date n'est même pas sure.

1526. Hector Boèce raconte la victoire du roi Hung

Hector Boèce ou Boethius, philosophe écossais, étudia à Aberdeen, puis à Paris, avant d'y devenir professeur de philosophie. Puis il revint à Aberdeen s'occuper de l'université. Il écrivit en 1526 Historia Gentis Scotorum (histoire du peuple écossais).

Hungus rex divum Andrea ín cujus Pictica Scotícaque gens erat tutela frequentibus suspiriis lachrymisque, ut peculíaribus suis populis, ne tam impiis Anglorum armís ín exitium abducerentur : auxilíaris foret est precatus. Soluto regí ín tempesta nocte in soporem extemplo astans Apostolus, jussit alacriorí esset animo, nec hostíum multitudine terreretur, plurímamque spem ín dívina locaret ope: fore ut gloríosam de Anglis postera die affequeretur victoríam. Mírum scribunt tunc accídisse supra Pictorum castra, lucidam coelo apparuisse crucem, íllíus ínstar qua Apostolus Andreas pro Christi noie supplício olím erat affectus: hancque Apostolum ipsi Hungo ostendisse, addídisseque, íd ostentum ante partam victoríam haud coelo defuturum. Experrectus rex milítes jam tum lucentem crucem ín tempesta nocte admirantes, edocet: quam fortunam dívus Andreas sibí suoque exercítui fuisset pollícítus : per quíetem hortatus príma luce alacres hostes pugna adorírentur numíne sibí propitio et adverso hostibus: eoque eorum multítudinem miníme tímendam. Sequuta regis verba grata omnium vociferatio quam hostes audientes (Nam hi noctem totam ín armis perseverabant ) lucídam simul conspicatí crucem quippiam mali portento tali sibi psagientes íngenti pavore funt per culsi. Sub primam lucem Hungus eductis castris milítibus, instructísíque copíis signum cum hostibus manus conserendi dedít, altiori voce ínclamans dívum Andream manifeste auxilíarem adesse: quo duce absque díscrímine victoriam Píctos Scotosque sequuturam. Ad regis verba milítes tanta vi ín Anglos sunt ínvectí ut cum impetum non possent sustinere prímum Northumbri, mox tota acíes ímpulsa terga dederit.. Le roi Hung, saint André, dont la nation picte et écossaise était sous la protection par de fréquents soupirs et larmes, afin que son propre peuple ne soit pas entraîné à la destruction par les armes des Anglais si impies, fut prié d'ètre bienveillant. Cette nuit là, le roi libéré l’apôtre apparaissant aussitôt dans son sommeil, lui ordonna d'être plus vif, de ne pas craindre la multitude d'ennemis et de placer son plus grand espoir dans l'aide divine. que le lendemain il remporterait une glorieuse victoire sur les Anglais. On écrit qu'un miracle s'est alors produit au-dessus du camp des Pictes, qu'une croix lumineuse apparut dans le ciel , semblable à celle dont l'apôtre André avait autrefois subi le supplice pour le Christ : et que l'Apôtre lui-même l'avait montré à Hung, et avait ajouté qu'il ne manquerait pas au ciel avant que la victoire ne soit remportée. Le roi réveillé, Les soldats s'émerveillant alors de la croix brillante dans la nuit, il dit : quelle chance saint André avait-il promis pour lui-même et pour son armée : par ce calme, encouragé dès les premières lueurs, les ennemis féroces seraient assaillis avec une divinité se favorisant et s'opposant aux ennemis : et ainsi leur multitude serait moins redoutée. Suivant les paroles du roi, les cris joyeux de tous, que les ennemis entendant (car ils restèrent toute la nuit en armes), En même temps, ils virent la croix lumineuse, et tous ceux qui étaient tourmentés par un tel présage de mal furent saisis d'une grande peur. Aux premières lueurs du jour, Hung, ayant fait sortir les soldats du camp et ayant donné l'ordre aux troupes, donna le signal de rejoindre l'ennemi, en criant d'une voix forte que saint André était manifestement présent pour l'aider : sous quel chef suivrait la victoire des Pictes et des Écossais sans discrimination. Aux paroles du roi, les soldats furent appelés avec une telle force contre les Anglais, que, ne pouvant résister à l'attaque du chef de Northumbrie, l'armée toute entiere se replia bientôt à l'arrière.
Note: Boèce n'indique pas clairement les dates, mais cela se serait passé avant la mort de Charlemagne (814).
Hector Boethius, Scotorum Historiae, Josse Bade, 1526, Folio CXCVI verso

1578. John Lesley décrit la croix

John Lesley, né en 1527, fit ses études en Angleterre et en France, et devint évêque de Ross en 1565. Partisan de Marie Stuart, il connut plusieurs fois la prison, tant en France qu'en Angleterre. Historien, il publie à Rome, en 1578, une histoire de l'Écosse: De Origine, Moribus, et Rebus Gestis Scotorum.

Sistit Hungus , signa hostibus sequenti luce illaturus. Sed cum plaerique propter hostium multitudinem, animis penem conciderent, Hungus Deum, Divumque Andream (in cujus patrocinio gens Scotica acquiescit) precibus piem tota nocte fusis, subsidio sibi comparat. Crux, in quam Divus Andreas sublatus, mortem oppetivit, in celo vivis quasi coloribus efficta, quam primüm omnibus apparuit. llla res ita Hungo, iisque, qui à Hungo erant, animos affecit , ut Scoti omnes sibi victoriam , hostibusque cladem et interitum presagirent. In praelium proxima luce descenditur. Athelstani exercitus ita undique prostratus, ut vix, ac ne vix quidem quingenti fuga elapsi fuerint. Athelstanus ibi caesus agro, in quo fuit bellum gestum, nomen postea dedit. Hung s'arrêta, pour faire avancer ses troupes vers l'ennemi à l'aube. Mais lorsque le plus grand nombre se décourageait, à cause de la multitude de l'ennemi, Hung, après avoir adressé toute la nuit de pieuses prières à Dieu, et à Saint André (sous le patronage duquel repose la nation écossaise) se procure un réconfort. La croix sur laquelle saint André attaché luttait contre la mort, apparut à tous, comme peinte de couleurs vives dans le ciel. Cet événement affecta tellement Hung et ceux qui étaient à Hung, que tous les Écossais augurèrent la victoire pour eux-mêmes et la défaite et la destruction pour leurs ennemis. Il descendit au combat à la prochaine aube. L'armée d'Athelstan était si abattue de tous côtés, qu'à peine, et pas à peine, cinq cents hommes s'étaient échappés. Athelstan y fut tué, et donna ensuite son nom au champ dans lequel la bataille se déroula.
Note: Lesley place l'évènement peu avant la mort d'Achaius, en 819, mais une autre chronique affirme qu'Athelstan était encore vivant en 827.
John Lesley, De origine moribus et rebus gesti Scotorum, Rome, 1578, p. 177

1582. Buchanan explique la forme de la croix.

Comme John Lesley, George Buchanan partagea sa vie entre l'Écosse et la France et connut la prison. Il fut le professeur de Michel de Montaigne et le précepteur de Marie Stuart. Il publia en 1582 Rerum Scoticarum historia. Il mourut la même année.

Athelstanus homo ferox, prope vestigiis inherens, eum non procul ab Hadina oppido assequitur, Picti,inopinato hostium adventu consternati, ad arma currunt, et ad noctem usque, se suis tenent locis. Sub noctem vigiliis dispositis, Hungus, caeteris rebus inferior, ad divinum auxilium conversus,totum se precibus dedit. Tandem corpore laboribus fesso, et animo cogitationibus aegro , cum in somnum incidisset, visus est sibi per quietem, videre Andream Apostolum astantem, et victoriam pollicentem. Hoc viso Pictis narrato, spei bonae pleni, ad conflictum, quem alioqui fugere non poterant, se alacrius comparant : postero die per leves velitationes consumpto, tertio demum ad manus ventum est. Adjiciunt et aliud ostentum, crucem decussatam , cum pugnaretur in coelo visam: quae res Anglos adeo conterruit, ut primum Pictorum impetum aegre fustinuerint. Ibi caesus Athelstanus, loco nomen dedisse dicitur, qui adhuc Athelstani vadum appellatur. Hungus Andreae victoriam acceptam retulit: eique, praeter alia munera, decimam partem praediorum Regiorum donavit.. Athelstan, un homme féroce, suivant de près ses traces, le rattrapa non loin de la ville d'Hadina, les Pictes, consternés par l'approche inattendue de l'ennemi, courent aux armes et restent sur place jusqu'à la nuit. A la tombée de la nuit, lorsque la veillée fut organisée, Hung, inférieur par d'autres choses, se tourna vers l'aide divine et se consacra entièrement aux prières. Enfin, le corps épuisé par les travaux et l'esprit malade par ses pensées, lorsqu'il s'endormit, il sembla, grâce au repos, voir l'apôtre André debout et promettant la victoire. Quand les Pictes virent cela et furent informés, pleins de bon espoir, ils se préparèrent avec plus d'ardeur au conflit, qu'ils n'auraient pas pu fuir autrement : le lendemain se passa en escarmouches légères, le troisième jour enfin arriva aux armes. On ajoute encore un autre spectacle, une croix en X, vue dans le ciel pendant qu'ils combattaient : événement qui consterna tellement les Anglais qu'ils repoussèrent difficilement la première attaque des Pictes. Athelstan y fut tué et aurait donné son nom à l'endroit, qui s'appelle encore le gué d'Athelstan. Hung attribua à André la victoire qu'il avait remportée ; et, outre d'autres cadeaux, il lui donna la dixième partie des domaines royaux.
Note: Buchanan date ceci de l'an 809
Buchanan, Rerum scoticarum historia, Edinbourg, 1582, folio 57 verso.

1826 l'abbé Vrindts récupère ce qui l'arrange.

L'abbé Vrindts avait besoin de montrer que, plusieurs fois au cours de l'histoire, Dieu fit paraitre des croix célestes. Après avoir cité la vision de Constantin, il en cite d'autres, notamment celle du roi des Pictes, Hung, avant sa victoire sur Athelstan, roi des Angles, l'an 819. Pour cela, il se base sur les écrits de Boece, Lesley et Buchanan.

Les Pictes étaient un peuple de l’île d’Albion; (c’est l’ancien nom des îles de la Grande-Bretagne) on les appelait Picti parce qu’avant leur conversion au christianisme ils se peignaient le corps de diverses couleurs. Environ l’an 819 leur roi Hung, étant à la veille de livrer bataille à Athelstan, roi des Angles, s’adressa à l'apôtre S. André afin d'obtenir sa protection dans le combat. L’apôtre lui apparut en songe et lui montra au-dessus de son camp une croix brillante, semblable pour la forme à celle sur laquelle il avait souffert le martyre. Il l’assura én même témps qu’il serait vainqueur, et lui promit que durant la bataille cette même croix sé montrerait au-dessus de son armée en signe de la victoire qu’elle allait remporter. Le prince fit part du songe à ses troupes, qui témoignèrent dès lors le plus grand empressement pour en venir aux mains. La croix de S. André parut au moment de l’action; sa vue inspira un invincible courage aux Pictes, et jeta l’épouvante dans l’armée des Angles, qui furent entièrement défaits, et leur roi lui-même périt dans la mélée, ce qui fit donner au champ de bataille le nom de Gué d’Athelstan.
Hung voulut témoigner sa reconnaissance au Dieu des armées et à l’apôtre S. André, son insigne protecteur : il se rendit nu-pieds avec ses troupes à l’église la plus voisine, à laquelle , outre les autres dons qu'il y offrit , il fit présent à l'honneur de S. André de la dixième partie des terres du domaine royal, et il ordonna par un édit aux Pictes qu'ils porteraient dans leurs drapeaux une croix de $. André , afin que ce monument du miracle leur servit d'encouragement et d’un puissant secours pour obtenir encore de nouvelles victoires. Les Pictes ont conservé parmi les Ecossais, qui étaient leurs alliéa en cette guerre, la croix de S. André dans leurs enseignes.

abbé Vrindts, La croix de Migné vengée de l'incrédulité, Paris, 1829, p. 194-195

Analyse

Apperemment les différents auteurs, cités comme source par l'abbé Vrindts, semblent d'accord sur l'apparition d'une croix céleste. Mais on peut remarquer que nous ne connaissons pas de source contemporaine, et que ces trois auteurs écrivaient sept siècles après les faits.
De plus, on nous dit que le roi Athelstan mourut lors de cette bataille, mais il ne risquait pas d'y être mort, puisque la Chronique anglo-saxonne dit qu'il aurait gagné des batailles en 826 et 827. Il semble qi'il serait mort entre 840 et 850.
On peut aussi remarquer que ce récit, prière du roi Hung, apparition en songe de St André prédisant la victoire, avec sa croix, apparition céleste de la croix, pour finir par utiliser la croix de St André, telle qu'elle était apparue dans le ciel, comme drapeau de l'Écosse, ressemble vraiment trop à la légende de la vision de Constantin et de son labarum, pour que ce soit l'effet du hasard. Il faut simplement remplacer le Christ par St André, patron de l'Écosse, et faire apparaitre la croix après le songe nocturne, au lieu d'avant. Mais la trame est exactement la même. Rappelons nous que les plus anciennes sources dont nous disposons ici sont du XVIe siècle, époque où tous les auteurs connaissaient la vision de Constantin.
Et enfin une légende, rapportée par le chroniqueur Jean de Fordun rapporte que l'étendard bleu à la Croix de Saint André serait tombé du ciel, au milieu des troupes des Pictes. Il n'y a cette fois plus de doute que c'est bien une légende.

Conclusion

La chiasmophanie, sopposément survenue en 819, n'eest probablement qu'une légende.

Dernière mise à jour: 29/12/2023

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