1527 Polydore Virgile voit chrétiennement les prodiges.

Polydore
Polydore Virgile
Polydore Virgile, de son vrai nom Polidoro Virgilio, en latin Polydorus Vergilius, né à Urbino en 1470 et mort dans la même ville le 18 avril 1555, fut un humaniste réputé, et un historien estimé.
Il étudia la théologie, la philosophie et l'histoire aux universités de Bologne et de Padoue, et fut ordonné prêtre en décembre 1496.
Il devint ensuite secrétaire de Guidobaldo da Montefeltro, fils du duc d'Urbino.
Après avoir été chambellan du pape Alexandre VI, il se mit au service du cardinal Adriano Castellesi, cardinal de Corneto (Tarquinia) et collecteur papal du denier de Saint-Pierre en Angleterre. Avec le poste de sous-collecteur, il se rendit à Londres au printemps 1502. Il reçut de nombreux prébendes et charges pastorales en Angleterre et devint archidiacre de Bath and Wells en octobre 1504. En 1510, il obtint la nationalité anglaise, et nn 1513, devint prébendier d'Oxgate dans la cathédrale Saint-Paul.

Polydore Virgile diplomate.

Polydore Virgile entretint des relations amicales avec les principaux représentants de l'humanisme anglais (Richard Fox, William Warham, Thomas More, Richard Pace, Thomas Linacre, William Latimer, John Colet et William Lilye). Au fil des ans, il eut une intense correspondance avec Érasme de Rotterdam.
Thomas Wolsey, chef de la diplomatie anglaise et primat d'Angleterre, aspirait à la pourpre de cardinal et probablement même au siège papal. Lors d'un voyage en Italie, Polydore informa le cardinal Castellesi et le pape des aspirations de Wolsey sur un ton défavorable. Andrea Ammonio, qui aspirait au poste de collectionneur de Castellesi, intercepta une lettre à son supérieur qui compromettait Polydore et en révéla le contenu à son ami Wolsey. Accusé de former un front de connivence avec Castellesi contre Wolsey pour affaiblir l'harmonie existant entre l'Angleterre et Rome, Polidore fut emprisonné à la Tour de Londres. De sa prison, il envoya une lettre au primat Wolsey, demandant à être pardonné et libéré, et le pape Léon X écrivit au roi en sa faveur : sa demande fut acceptée, et le 24 décembre 1515, Polydore fut libéré et abandonna la diplomatie pour se consacrer à la littérature. .

Polydore Virgile historien.

Ses deux premiers écrits l'avaient rendu célèbre et obtinrent une grande popularité : le Proverbiorum libellus et le De rerum inventoribus libri VIII, paru en 1499 ; cette dernière œuvre fut traduite en français sous le titre de Les inventeurs des choses.
Sur les encouragements du roi Henri VII d'Angleterre, il entreprit la rédaction de son Historia Anglica ("Histoire de l'Angleterre"), un ouvrage qu'il aurait commencé dès 1505, et qui fut achevé seulement en août 1533, date à laquelle il fut dédié au nouveau roi Henri VIII, et publié en 1534. Polydore a renouvelé l'histoire, car il n'écrit pas en simple chroniqueur, mais étudie les relations entre les événements qu'il raconte, et sa façon de traiter l'histoire influença les historiens ultérieurs.

Polydore Virgile prodigiologue.

dialogorum
Son traité, le Dialogorum de Prodigiis, composé vers 1526-1527 et dédié au duc d'Urbino, mais imprimé seulement en 1531, atteignit également une grande popularité. En trois livres, sous la forme d'un dialogue entre Polydore et son ami de Cambridge Robert Ridley, il examine s'il faut accorder du crédit aux phénomènes allégués tels que des événements prodigieux et des présages. Le cadre du dialogue est en plein air, dans la maison de campagne de Polydore, près de Londres. Polydore y énonce les problèmes et les illustrations historiques ; à Robert d'expliquer, de rationaliser et de critiquer du mieux qu'il peut.
Ce traité rappelle le De divinatione, où Cicéron démystifie les prodiges après que son frère Quintus les ait énoncé, d'après les stoïciens, sauf que Cicéron répond en bloc dans la deuxième partie de l'ouvrage, alors que chez Polydore, le dialogue se fait phrase à phrase.
Polydore sait bien que Cicéron a déjà traité de ce sujet. Mais, pour lui, Cicéron, avait le désavantage de vivre avant la venue du Sauveur, et l’auteur du De divinatione ne pouvait donc triompher par des arguments invincibles de la croyance aux prodiges.
Le traité fut traduit en italien (1543), en anglais (1546), en espagnol (1550), et même en français (1555) à la suite du livre de Julius Obsequens. Cependant il fut placé à l'index des livres interdits mais fut réimprimé en 1575.

le Dialogorum de Prodigiis

Voici un exemple où le dialogue traite de la divination en général.

Polydore: Sino, sed hic de te peto, quid sit ista divinatio, quo nostrum servemus institutum, ut nihil prius tractare incipiamus, quam qui sit, declaratur. Je l'admets, mais ici je te demande quelle est cette divination, où nous respectons notre coutume, afin que nous n'entreprenions de rien traiter avant qu'il ne soit déclaré de quoi il s'agit.
Robert: Non ego, sed haruspices , sed augures definiunt divinationem esse, earum rerum, quae fortuitae ac futurae sint. Fac ergo sic esse, tum dices: Si quid fortuitum est, id casu aliquo non eveniet: sin futurum, et quia in fortuna positum est, potest impediri,ut ne accidat. Ac ita relinquitur ,ut divinatio sit nulla, praeter divinam, nisi velimus eam appellare conjecturam, quod fateri baruspices, augures instar mortis putant, et conjecturam inquam temeritatis plenam, de qua suo loco plura dicam. Nunc ad rem. Sequitur alterum prodigium, sive monstrum: Monstrum utique fuit, cernere subitó ex uirga; colubrum obrepere, atque fluvium cruore fluere. Hoc mehercule apud veteres, artis erat : at apud nos, idem spiritus qui miraculum edidit, planum fecit, quid portenderet: verga enim, autore Origene, homilia quarta, in Exodum, crucem Christi significavit, quae a principio contemptui habita, mox in serpentem animal, teste Evangelio, prudens versa: hoc est, ubi cognosci coepit, in pretio fuit, evertit Aegyptiorum qui recta non saperent, inanem sapientiam. Item infecit flumina sanguine : quia ubi mundo illuxit, a nos centibus poenas exegit, secundum illud: Omnis sanguis qui effusus est super terram, à sanguine Abel justi, usque ad sanguinem Zachariae,requiretur à generatione hac. Tertium divinationis genus natura invenit, quod ea duce, somniemus : quia quum jacet corpus dormientis, tum animus qui divinus est, praeterita meminit, praesentia cernit, futura praevidet : et instinctu statuque divino vaticinemur, id quod apparet in Poëtis, qui quadam animi concitatione mira canunt . Ex quo Democritus negabat , sine furore posse esse Poëtam. Sed age, jam ad tertium ranunculorum ostentum veniamus, quo tuam quaestionem tandem aliquando absolvamus. Totam Aegyptum immanis ranarum copia occupavit. Ecquid illud portendit aliud, quam damnum, quam molestiam, quám labem miseris incolis? inest enim ranis quaedam natura significans aliquid, quippe quae impendente procella aliqua, solent in ripas exire, atque multo magis clamitare, unde agricolae praesentire possunt futuras tempestates: sed cur ita fiat, non item videre, quum id sit in naturae arcano inclusum. Atque haec naturalis divinatio. Pas moi, mais les haruspices, les augures, définissent la divination comme une de ces choses fortuites et à venir. Fais donc qu'il en soit ainsi, alors tu diras : Si quelque chose arrive, cela n'arrivera pas par hasard: si cela doit se produire, et parce que cela dépend de la fortune, cela peut être évité, afin de ne pas se produire. Et ainsi il reste qu'il n'y a de divination que divine, à moins qu'on ne veuille l'appeler une conjecture, ce qu'admettent les baruspices, les devins à l'égard de la mort, et je diras une conjecture pleine de témérité, dont je dirai plus à sa place appropriée. Maintenant au fait. Vient ensuite un autre prodige, soit le monstre : il était certainement un monstre, pour voir soudain d'un bâton un serpent ramper, et une rivière coulant de sang. Cela, par Hercule, était un art auprès des anciens: mais parmi nous, le même esprit qui a accompli un miracle a clairement indiqué quels étaient les signes avant-coureurs: car le baton, selon Origène, dans la quatrième homélie de l'Exode, signifiait la croix du Christ, méprisée dès le début, mais bientôt transformée en serpent, en animal, comme en témoigne l'Évangile: c'est-à-dire que lorsqu'il devint connu, il fut de prix, il a renversé celui des Égyptiens, qui ne connaissait pas les choses justes, dépourvu de sagesse. Il a aussi infecté les fleuves de sang, parce que, quand il a brillé sur le monde, il a exigé de nous des châtiments par centaines de, selon le dicton : Tout le sang qui a été versé sur la terre, depuis le sang du juste Abel jusqu'au sang de Zacharie, sera exigé de cette génération. La nature découvre le troisième type de divination, parce que nous dormons sous sa conduite : parce que lorsque le corps de l'homme endormi est allongé, alors l'esprit, qui est divin, se souvient du passé, perçoit le présent et prévoit l'avenir. D'où Démocrite a nié que le poète puisse être sans fureur. Mais allons, venons-en maintenant au troisième présage des grenouilles, afin de résoudre enfin votre question. Il remplit toute l'Égypte d'une énorme quantité de grenouilles. Est-ce autre chose qu'une perte, une nuisance, une souillure pour les misérables habitants ? Car il y a dans les grenouilles une certaine nature indiquant quelque chose, puisque lorsqu'une tempête approche, elles ont l'habitude de sortir sur les rives, et de coasser beaucoup plus, afin que les fermiers puissent prévoir de futures tempêtes : mais je ne vois pas pourquoi il en est ainsi, puisqu'il est enfermé dans le secret de la nature. Et c'est la divination naturelle.

On peut comparer cette façon de parler de la divination, dans une optique chrétienne avec celle de Cicéron..

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Dernière mise à jour: 31/05/2022