Gaspard Torrella de la syphilis aux prodiges.

Médecin et évêque.

Fils et frère de médecins, Gaspard Torrella, né à Valencia (en Espagne) vers 1452, se devait d'être disciple d'Hippocrate. Il commennça ses études à Valencia et obtint son doctorat en médecine à l'université de Sienne (en Italie).
Ordonné prêtre en 1487, il fut en 1492, médecin du pape Alexandre VI , qui le nomma évêque de Santa Giusta (en Sardaigne). Il participa au V^e concile du Latran (1512-1517), et fut aussi bibliothécaire à la Bibliothèque du Vatican pendant deux ans.

Médecin et prodigiologue.

En tant que médecin, Torrella se distingue pour ses travaux sur la syphilis, maladie apparue en son siècle sous le nom de "mal français", pour laquelle il fut le seul à proposer une étude fondamentalement clinique et thérapeutique, le Tractatus cum consilijs contra pudendagram seu morbum gallicum.. Il eut à soigner le fils d'Alexandre VI, le fameux César Borgia, auquel il dédia son livre.

En 1507, il publia son dernier livre, De portentis, presagiis et ostentis rerumque admirabilium ac Solis et Lune defectibus et Cometis, consacré comme le titre l'indique, aux présages qu'on peut tirer des prodiges célestes, et en particulier des éclipses et des comètes. Le livre est lui aussi dédié à César Borgia, qui n'eut cependant pas l'occasion de le lire, puisqu'il mourut au siège de Viana le 12 mars 1507, alors que selon ses dernières lignes, le livre ne fut imprimé qu'au mois de Juillet de la même année.
L"édition de 1507, ne fait que 30 pages de texte, d'une lisibilité très relative, dont 26 sont consacrées au sujet du livre. Voici le début de la page où l'auteur entre en matière.

On peut y déchiffrer:
nos transgrediar. Primum itaque a diffinitone incipiam ut facilius intelligantur hec de quibus sermo habendus est. Igitur portentum nil aliud est nisi ostentum quod aliquid iminere significet, a portendo dictum.
Ce qu'on peut traduire:
... Je commencerai donc d'abord par une définition, pour mieux faire comprendre ces choses dont il faut parler. Donc un présage n'est rien d'autre qu'un prodige qui signifie quelque chose d'imminent, dit par le présage.

De fait, Torrella commence par donner ses définitions, avant de s'attaquer à la signification des prodiges en général, puis à celle des éclipses, et enfin celle des comètes.
Il ne donne guère de liste de prodiges ordonnée chronologiquement. Pour chaque type de prodige, il donne les associations de calamités, avec une petite liste ordonnée, mais seulement du IX^e siècle au XIV^e siècle. Pour les comètes il énonce les maux auxquels on peut s'attendre, suivant la direction où apparait la comète.
Il s'agit donc là de l'art du devin et de l'astrologue, et on y chercherait en vain une histoire des prodiges depuis l'antiquité.