OBJETS ÉTRANGES DEVANT LE SOLEIL

  Il n'est pas rare que les observateurs du Soleil voient de minuscules objets traverser son disque et l'on pense, généralement, qu'il s'agit là de météores.
  Parmi les auteurs de ces observations, on peut citer: Dawes, en 1852; Herschel, en 1869, à Bangalore (Indes); Grover, en 1870; Brooks, en 1883 ; Barnard, également en 1883; Denning, en 1870, 1899 et 1900, et plus récemment notre collègue M. Meyer, à Steckborn (Suisse), en 1913 et M. Steavenson, en Angleterre, en 1914. Ce dernier observateur signale que, le 18 septembre 1914 de midi à 15 heures, plusieurs centaines de points, en moyenne de la dimension apparente de Mercure, mais beaucoup plus brillants, se succédèrent devant le disque solaire qu'ils traversèrent en un temps variant de 1/2 seconde à 6 secondes. Leur diamètre mesurait de 2" à 10", suivant les cas. La moitié de ces grains étaient parfaitement ronds, les autres étaient plus ou moins allongés. Leur couleur était d'un blanc jaunâtre.
  Cette curieuse observation a été le sujet d'une intéressante polémique scientifique dont voici les traits essentiels.
  Dans The Observatory, novembre 1914, p. 417, le professeur Barnard constate qu'aux Observatoires Lick ou Yerkes, il a souvent vu des phénomènes analogues dans le voisinage du Soleil, suggérant l'idée du passage d'un essaim de météores, mais qu'en réalité, ce sont tout simplement des amas de graines minuscules, du pollen, des poussières emportées par le vent. A certaines époques de l'année, on peut les observer en abondance en pointant un télescope à quelques degrés du Soleil. Quand ils ne se déplacent pas trop vite, ils ressemblent à de brillantes petites étoiles. Quelquefois, ces particules changent brusquement de direction, car elles se trouvent prises par des courants contraires. Parfois aussi, elles restent immobiles. Elles sont visibles seulement à une certaine distance angulaire du Soleil, qui correspond à la réflexion maximum. En hiver, ce phénomène est dû à des cristaux de glace et de neige, illuminés par les rayons solaires.
De même, on peut voir des fils d'araignées flottant dans le ciel, brillamment illuminés par le Soleil. Cette observation a été faite notamment par MM. Barnard, Adams et Ellerman, il l'Observatoire du Mont Wilson, en novembre 1911 : d'innomhrables toiles d'araignées flottaient dans le ciel du Sud-Est et étincelaient dans le rayonnement de l'astre du jour.
  A ces conclusions, ajoutons celles de M. Denning qui note que ces observations nécessitent un foyer plus long que le Soleil; que ces corpuscules ne se meuvent pas en des directions parallèles; que le sens général de leur mouvement est celui du vent prédominant; qu'ils peuvent être suivis pendant plusieurs jours en des directions diverses, dépendant des courants aériens; qu'en résumé, ces apparitions sont d'origine terrestre et qu'elles ont leur siège dans l'atmosphère.