Passage de corpuscules devant le Soleil. - Collingwood, Hawkhurst (Kent) 25 novembre 1885. - Monsieur le Directeur, je prends la liberté d'appeler votre attention et celle de votre correspondant, le directeur de l'Observatoire mexicain, sur la relation imprimée dans les Monthly notices of the Astr. Society of London de mars 1870 (t. XXX, p. 135-8), de phénomènes qui paraissent avoir été en tout semblables, sous bien des rapports, à ceux qui sont décrits dans le Numéro de septembre de votre estimable Revue.
  Je ne crois pas pouvoir dire qu'ils aient eu la même origine, mais la ressemblance mérite d'être prise en considération.
    Je suis, etc.

J. HERSCHEL

  Nous remercions M. J. Herschel de cette notification, sur laquelle nous nous proposons de revenir. Voici d'autres observations analogues.

  passage d'un essaim de corpuscules devant le Soleil. - La Revue a publié (T. IV, no 9) une remarquable observation de M. Bonilla, à Zacatecas (Mexique) au sujet d'un essaim de corpuscules qui ont passé pendant plusieurs heures devant le disque solaire, le 12 aout 1883. Un phénomène analogue avait déjà été observé à Marseille, le 25 avril de la même année, et l'on trouvera peut-être quelque intérêt à comparer les deux observations. Le 15 avril 1883, observant le Soleil avec une lunette de 0m,045 de diamètre, j'ai vu et suivi pendant une demi- heure de 12h30m à 1h, de petits corps qui passaient devant le Soleil en suivant tous la meme direction (Ouest-Est). Ces corpuscules ne présentaient aucune forme régulière, et leurs contours étaient souvent mal définis; j'en ai compté plus de 25. Il y en avait quelquefois 4 à la fois qui marchaient alignés. L'observation, interrompue à 1h fut reprise de 2h.à 2h15m, et pendant ce nouvel intervalle je n'ai pas cessé de voir le même passage se continuer, le 16 avril, à 8h du matin, le même jour à midi, les mêmes phénomènes furent observés. Ainsi le passage a duré plus de vingt-quatre heures.

H. BRUGUIÈRE.

On remarquera combien cette observation, antérieure à celle de M. Bonilla, lui est semblable. La longue durée du phénomène, l'aspect des corpuscules, leur marche commune, sont autant de caractères communs aux deux observations. Il n'y a guère de différence que dans le nombre des corpuscules aperçus. Mais M. Bruguière ne disposait que d'une lunette de 45mm; s'il avait pu employer un instrument aussi puissant que celui de l'Observatoire de Zacatecas, il en aurait aperçu bien davantage, et les aurait peut-être comptés, lui aussi, par centaines, car il y avait sans doute un grand nombre de corpuscules trop petits pour être visibles dans une lunette de 45mm. Aussi, les observateurs de Marseille et de Zacatecas nous paraissent avoir été témoins de deux phénomènes identiques et reconnaissant la même cause. Mais quelle est cette cause? C'est ce qu'il n'est pas facile de conjecturer. Pourquoi ces phénomènes n'ont-ils été vus que dans ces deux stations? Sans doute, parce que les corpuscules sont relativement très près de la terre, de sorte que le moindre déplacement de l'observateur à la surface de la terre suffit pour les projeter en dehors du disque solaire. Enfin on remarquera comme une coïncidence très curieuse, la proximité, mais non pas l'identité des deux dates (15 avril, 12 août f883) auxquelles a été observé ce phénomène qui n'a pas été revu depuis.
  Ajoutons qu'une apparition du même genre a été signalée autrefois par Messier: le 17 juin 1877, vers midi, cet astronome vit passer sur le Soleil, pendant cinq minutes, un nombre prodigieux de globules noirs.
  Signalons aussi une observation curieuse de M. Jacquot au Havre. Cet astronome a vu le 15 juillet dernier, à. 1h10m, un corps noir de forme ronde passer devant le Soleil du Nord-Est au Sud-Ouest et devenir lumineux à sa sortie du disque; le 16, il en a vu deux à quelques minutes d'intervalle traverser le disque solaire de l'Ouest à. l'Est. Peut-être sont-ce des bolides?

P. G..