Aurore boréale dessinée zn 1575 Cornélius Gemma Cornelius Gemma, médecin, astronome et astrologue de Louvain, était fils du célèbre cartographe Gemma Frisius. En tant qu'astronome, il observa l'éclipse de lune de 1569, puis la supernova de 1572, dont il compara l'éclat à celui de Vénus, et fut un des premiers avec Tycho Brahé à comprendre que la comète de 1577 se trouvait au dela de la lune. Il fut même le premier à dessiner une aurore boréale, en 1575 Cette même année 1575, il publie De naturae divinis characterismis, où il traite, comme Ambroise Paré, des monstres et prodiges, mais en étant moins enclin à y voir des signes et chatiments divins et plus souvent des phénomènes naturels En cette occasion, il décrit, comme Paré, mais en latin, la prétendue comète de 1527

Nullum cometae genus illi horroris magnitudine, ac divinitatis specie comparandum quod P.Cresserus annotat visum 1527.Decemb.11.die in occasu, in ditione Palatinus. Erat omnino cruentum, nube terribili, stellis, hastis et gladiis, etiam capitibus abtruncatis hinc inde circumdatus. Multi hoc spectaculo solo in morbum et syncopen incidere.

Aucune comète n'est comparable par la grandeur de l'horreur qu'elle engendra et par l'apparence surnaturelle à celle que P.Creutzer nota avoir été vue le 11 décembre 1527, au coucher du soleil, dans la gouvernance du Palatinat. Elle était entièrement ensanglantée, entourée d'une nuée terrifiante, d'étoiles, de lances et d'épées, et encore de têtes tranchées. Beaucoup de gens, à ce seul spectacle en moururent ou s'en évanouirent

Notons que l'auteur ne peut s'empècher d'en rajouter lui aussi. Là où Creutzer dit que quelques uns en furent à demi mort de peur, Gemma écrit que beaucoup en moururent. Là où Creutzer parle d'une couleur de sang délavée, Gemma décrit une comète entièrement ensanglantée.
D'autre part, son dessin ne ressemble pas à celui de Creutzer, mais plutôt à celui de Boaistuau, sauf que l'épée est dans l'autre sens, et que certaines têtes sont imberbes. Reconnaissons qu'il est le seul a donner l'orientation exacte, car la supposée épée était en fait un rayon d'aurore boréale, donc dirigée vers le haut
Bien plus, on peut s'étonner que lui, l'astronome qui fut le premier à dessiner une aurore boréale en tant que telle, en cette même année 1575, et qui savait reconnaitre une comète quand il en voyait une, n'ai pas été capable de comprendre que le prodige de 1527 n'était absolument pas une comète.
De fait, il semble qu'il n'ait pas bien étudié les caractéristiques de l'observation: il indique la date (en confondant décembre avec le 10 ème mois de l'année), mais pas la durée et se trompe sur l'heure. L'observation n'eut pas lieu au coucher du soleil, mais à 4 heures du matin. Il se pourrait bien qu'il se soit contenté d'une lecture rapide de Conrad Lycosthenes, ou pire de Boaistuau, ou même d'un auteur intermédiaire, et n'ait pas cherché à en savoir plus
Si on admet que la description de Creutzer était de première main, celle de Gemma est alors, au mieux, de quatrième main, et pleine de détails faux.
Quelle honte, monsieur l'astronome.