L'étonnante confusion de Quarouble


Croirait-on que l'affaire de Quarouble, qui intriga toute la France et fit l'objet de nombreux chapitres de livres, et même d'un livre entier, se résout à une confusion avec un fourgon, puis avec bolide?
Il en est pourtant ainsi, mais l'affaire est complexe. Le témoin n'a d'abord pas reconnu un fourgon (à cause de l'obscurité), puis l'a confondu avec un bolide, qui, par un hasard assez extraordinaire, est apparu au moment ou le fourgon venait de disparaitre.
Malheureusement le témoin fut le jouet d'évènements qu'ils ne maitrisait pas, et finit par se "radicaliser" dans la peau d'un contacté.
Nous allons étudier cette affaire, à la lumière des journaux de l'époque ayant fait les meilleures investigations.

Quarouble, une commune si discrète.

carte Michelin
Carte Michelin 1953
L'affaire de Quarouble, c'est le premier cas d'atterrissage de soucoupe volante, avec "martiens" et traces, de la grande vague française de 1954. Pour les ufologues, c'est un cas d'autant plus extraordinaire que les "martiens" seraient revenus un mois plus tard et auraient invité le témoin à monter dans leur engin, et toujours en laissant des traces. C'est au point que pour ces mêmes ufologues, le mot "Quarouble" n'évoque que l'affaire de la soucoupe volante, et non pas la ville elle même.
Il est vrai que la commune de Quarouble, située à 8 km de Valenciennes, sur la route, à l'époque Nationale 29, menant vers la Belgique, ne possède rien qui puisse la faire figurer dans un guide touristique. Aucun syndicat d'initiative n'a non plus tenté de transformer la maison du témoin, aujourd'hui rasée, en musée de la soucoupe volante.

Marius Dewilde, un témoin peu intégré

maisonnette
Marius Dewilde (Pathé)
Tous les ufologues connaissent le nom de ce témoin: Marius Dewilde, que certains prennent parfois pour un garde-barrière, et qui était en réalité ouvrier dessableur aux aciéries de Blanc-Misseron. Mais tout le monde ne connait pas sa vraie personnalité.

A Quarouble, on ne considérait pas Marius Dewilde comme un plaisantin, mais plutôt comme un "dur", et un hableur. Les Quaroubains l'appelait "Cacoule, l'parisien" ( 1 ), car il venait de Paris d'où il avait été "éloigné" par la police, et assigné à résidence à Quarouble.
En fait, il était né à Maromme, Seine-maritime, en 1921, dans une famille "d'enfants de la balle". Les renseignements glanés sur lui montrent un homme assez marginalisé, intrépide, mais pas trop enclin à travailler (il aurait plutôt fait travailler les autres, et on a dit qu'à Paris il aurait été souteneur). Il ne possédait rien et vivait d'expédients, pas toujours licites. De plus, ce qu'il a raconté vers 1980 montre qu'à cette époque, il était devenu mythomane, racontant des histoires passablement délirantes (et manifestement fausses). Mais la faute en est probablement à tout ceux qui sont venus l'interroger, en prétendant savoir mieux que lui ce qu'il avait vu.

carte IGN
Carte IGN 1959
Il s'était installé avec sa femme de l'époque, dans une maisonnette, au Passage à niveau 79, qu'il avait eu en sous location auprès d'un agent de la SNCF. Une maisonnette sans eau courante, sans gaz, sans électricité et sans téléphone. ( 2 )
Ce passage à niveau n'avait guère besoin d'ètre bien gardé, car il s'agit d'un chemin de char, dit "chasse des saules", juste utilisé par quelques cultivateurs, et traversant deux voies ferrées. Sur l'une, appartenant aux Houillères et reliant Blanc Misseron à la Fosse St Pierre à Thivencelle, il ne passait guère qu'un convoi par jour, et l'autre reliant Blanc Misseron à Fresnes sur Escaut, puis Odomez, voyait chaque jour l'aller et le retour d'un autre convoi.
C'était un endroit très retiré, où l'on était, comme on dit, "nourri par les corbeaux", car le plus proche magasin d'alimentation était à près de trois kilomètres.

Il avait trouvé un travail d'ouvrier dessableur aux A.N.F. de Blanc Misseron, où il partait tous les matins sur son vélo (et non sur son vélomoteur, car les quelques photos que nous en ayons ne montrent pas de moteur).

La mémorable soirée du 10 septembre 1954

maisonnette
la maisonnette
Kiki
Kiki
Ce Vendredi soir, à environ 22 H 30, Marius Dewilde est en train de lire dans un hebdomadaire illustré le récit du naufrage du remorqueur "Abeille IV", au Havre, car Dewilde aurait travaillé plusieurs années dans la marine marchande ( 3 ). Sa femme est déja monté se coucher à l'étage, avec son fils de 3 ans qui dort à poings fermés.
Dehors son chien, Kiki, s'agite, il aboie. Marius Dewilde tend l'oreille, mais n'entend tien. Mais Kiki aboie de plus en plus fort, puis finit par hurler à la mort.
Intrigué, Dewilde prend une lampe de poche, et sort.
Il ne voit d'abord rien, mais son chien attire son attention sur sa gauche, et il remarque alors, à cinq ou six mètres, une masse sombre qu'il prend pour un chariot de récolte abandonné là. Dans l'obscurité il distingue mal sa forme, mais à certains journalistes, il parlera de la forme d'une "cloche à fromage".

L'entrée en scène des petits hommes

Comme Kiki aboie vers une autre direction, et qu'il entend un bruit de pas, Dewilde se tourne, et voit alors, derrière la barrière à claire voie, une silhouette, puis une autre, débouchant d'un sentier voisin, qui marchent rapidement vers la forme sombre. Ils semblent petits, seule leur tête dépasse la barrière, et ressemblent à des contrebandiers ployant sous leur charge. Braquant sa lampe sur la tête de l'un deux, le rayon lumineux se réfléchit "comme sur du verre".
Ici tous les récits des ufologues disent que Dewilde a tenté d'intercepter les petits hommes, mais les premiers récits des quotidiens locaux, ou celui du commissaire Gouchet, ne disent rien de tel, pas plus que le récit de Dewilde aux actualités Pathé. Ce détail apparait dans plusieurs journaux parisiens du 14 septembre, et sera repris par Jimmy Guieu dans "Black-out sur les soucoupes volantes". Le plus fort est que Dewilde aurait ensuite lu le livre de Jimmy Guieu, que lui aurait envoyé Marc Thirouin. Il est donc bien possible que Dewilde se soit approprié un détail inventé par un autre.
Soudain, une vive lumière jaillit du supposé chariot, et Dewilde, ébloui, se trouve comme paralysé, incapable seulement de lever les bras. il ferme les yeux mais entend nettement les deux êtres marcher sur la dalle de ciment qui est devant la porte de la courette.
Selon l'enquète de Marc Thirouin, Au moment où la lumière s'éteint, Dewilde entend un bruit de porte à glissières. Il retrouve alors l'usage de ses membres, et peut se tourner vers l'engin.
Ceci clot la première phase de l'observation.

Qu'a observé jusqu'ici Marius Dewilde?
Pour y voir plus clair dans cette première phase, voyons le plan des lieux:

L'objet stationné sur la voie est au même endroit où les traces ont été découvertes ensuite, et c'est bien normal: Ou c'est l'objet qui a laissé ces traces, ou c'est Dewilde qui les a fabriqué là où il avait vu l'objet stationner. Mais le plan montre que l'objet se trouve entre une cloture et des fils téléphoniques, et pour un engin volant, c'est absurde: il aurait atterri dans la pature voisine et non sur la voie.

Le sentier d'où venait les petits ètres s'appelait le "sentier des contrebandiers", parce qu'il était autrefois emprunté par ceux qui faisaient de la contrebande à dos d'homme (activité en voie de disparition dans les années 50, mais dont on se souvenait).

Les petits êtres semblaient pour Dewilde, comme des contrebandiers, des fraudeurs, ployant sous leur charge. Ils cherchaient à se cacher. Nous verrons plus loin pourquoi Dewilde a cru les voir tout petits.
Et qu'est ce qui pourrait bien venir d'un sentier utilisé par les contrebandiers, en ployant sous une charge, tout en cherchant à se cacher, sinon justement des contrebandiers, ou encore des voleurs, à tout le moins des gens en maraude?

Où l'engin se révèle très banal.

Mais vers quoi se dirigeaient nos "contrebandiers" si pressés? Vers une masse sombre, grosse comme un chariot de récolte, dont le profil évoquait vaguement la forme d'une cloche à fromage, et munie d'une porte à glissière. Or, dans toute la littérature ufologique, on ne trouve guère que des portes qui se ferment sans bruit, et sans même qu'on puisse les distinguer une fois fermées. Une porte à glissière trahit donc un engin bien terrestre.
Or, en 1954, il existait effectivement un type d'engin terrestre, de la taille d'un chariot de récolte, d'un profil similaire à celui d'une cloche à fromage, et muni d'une porte à glissière: cela s'appelait un fourgon!

fourgon
Fourgon Citroën de l'époque
fourgon
Fourgon Renault de l'époque

Certes, Il y avait deux modèles de fourgon en circulation à l'époque, et nous ignorons lequel est le bon, quoique le profil du fourgon Renault évoque mieux celui d'une cloche à fromage. Pour en avoir le coeur net, essayons de reconstituer la scène de la découverte de l'engin.

stationnement de l'engin selon Lob et Gigi
stationnement réel et éclairement probable

A gauche, Lob et Gigi illustrent la scène éclairée par la lune (ici au nord), et l'engin est dans l'ombre, à quelques dizaines de mètres du passage à niveau. En réalité, si on était à deux jours de la pleine lune, la lune était au sud, et le ciel était manifestement couvert. En effet, diverses sources nous disent que la nuit était obscure, mais surtout, bien que nous ne disposons pas des archives météo pour 1954, le fait que Dewilde lui même n'ai rien vu en sortant montre qu'il n'y avait pas de clair de lune. On objectera qu'il sortait d'une pièce éclairée, mais il n'avait pas l'électricité et s'éclairait avec une lampe à gaz. Il n'a pas vu tout de suite l'engin sur sa gauche, et n'a bien vu les deux êtres qu'en les éclairant avec sa lampe de poche. Donc, pas de clair de lune, quant à l'engin, il était sur la voie, mais tout près du passage.

A droite, nous avons reconstitué la scène de la découverte en utilisant la photo ou Mme Dewilde montre l'emplacement des traces, supprimé l'image des deux personnages, inséré l'image d'un fourgon Renault dans la même perspective, et assombri le tout. Voila à peu près ce qu'a vu Marius Dewilde. L'engin est arrondi sur la droite, et peut bien évoquer une "cloche à fromage".

Malgré l'obscurité, la scène devient limpide: des gens pratiquant une activité illicite ramenaient de la marchandise vers leur fourgon, garé sur la voie pour être moins visible, quand Dewilde les a surpris. A ce moment, leur complice resté dans le véhicule braque une puissante lampe torche vers Dewilde, qui s'en trouve ébloui et tellement surpris, qu'il ne sait plus faire un mouvement, comme de mettre la main devant ses yeux. Cela parait bizarre pour un homme qui se disait difficile à impressionner, mais il faut savoir que Dewilde avait été victime d'un traumatisme cranien qui lui avait laissé quelques séquelles nerveuses. Un blocage nerveux du à la surprise et à l'émotion est alors moins étonnant.
Les deux hommes montent dans le fourgon, la porte à glissière est fermée et la torche éteinte. Jusqu'ici, rien d'extraordinaire.

Où la scène devient hallucinante.

Marius Dewilde, fermant les yeux, et incapable de bouger, n'aurait pas vu, mais plutôt imaginé les mystérieux visiteurs monter dans l'engin. Et d'ailleurs, s'il les avait vu passer sur la dalle de béton et monter dans l'engin, il aurait vu aussi qu'ils avaient une taille à peu près normale. Donc quand ils ont marché sur la dalle, il n'a fait que les entendre.
Mais quand l'engin disparait, la scène tourne à la fantasmagorie, sauf pour les dernières secondes, ou la description est compatible avec un phénomène connu. Les divers récits rapportés par les journaux ne s'accordant pas, nous donnons ici les sources les plus proches du récit inital, c'est à dire les journaux locaux du 12 septembre, et le récit d'après le commissaire Gouchet. En effet, comme l'explique le journal Nord-Eclair:

"Pour obtenir plus de garanties, ce n'est pas à M. Dewilde que j'ai demandé de raconter les faits dont il fut témoin le Vendredi 10 septembre. Car depuis ce jour il a pu être influencé par les questions des enquêteurs et des dizaines de journalistes qui ont défilé chez lui. Les interrogatoires qu'il a subis pour vérifier s'il ne mentait pas ou s'il n'était pas victime d'une hallucination, ont pu travailler son imagination, et, involontairement, il serait susceptible aujourd'hui d'ajouter des détails au récit primitif."

Il faut dire que selon le Bulletin du Gesag, N° 74, au troisième jour après l'incident 84 journalistes se seraient succédés chez Marius Dewilde, mais nous ignorons qui a établi ce chiffre, et comment.

Je fermai les yeux un instant.
Lorsque je les rouvris, la lumière avait disparu, et la machine se balançant légèrement, montait verticalement en dégageant de la fumée. Ayant une hauteur d'environ dix mètres, le dessous a rougi et l'appareil a disparu rapidement.
Je n'ai entendu aucun bruit sauf un soufflement au départ.
( La Voix Du Nord, 12 septembre 1954, page 3)

Aveuglé, paralysé par la peur, j'ai vu la porte se refermer, l'appareil osciller légèrement, s'élever à une dizaine de mètres, puis filer comme un éclair dans la direction d'Anzin, c'est à dire vers l'ouest.
... Lors de son ascension, elle laissa échapper un peu de fumée et rougit jusqu'à ressembler à une boule de feu.
( Nord matin, 12 septembre 1954, dernière page )

une ouverture se fit dans l'engin, les mystérieux voyageurs s'y engouffrèrent, et la « Soucoupe » s'éléva à la verticale gagnant une altitude d'une dizaine de mètres, puis basculant vers l'ouest, elle disparut à une vitesse prodigieuse, pareille à une boule de feu.
( Nord Eclair, 12 septembre 1954, page 10)

Quand ses yeux peuvent percer à nouveau l'obscurité, la machine - qu'il avait prise pour un chariot chargé de foin - s'élève verticalement en se balançant sur elle même, et s'éloigne rapidement au dessus de la voie ferrée en dégageant, une petite flamme par l'arrière sans faire d'autre bruit qu'un léger ronronnement.
( Nord Eclair, 16 septembre 1954, page 8, d'après le récit fait au commissaire Gouchet)

Dans la version qui semble la plus fiable, celle du commissaire, le témoin n'a pas vu les êtres monter dans l'engin, ce qui s'accorde avec ce que nous avions compris.
Dans trois versions, l'engin se balance, ou oscille.
Dans deux versions, il dégage de la fumée.
Dans deux versions il émet un léger bruit au départ.
Dans deux versions, le dessous rougit et dans une, une petite flamme s'allume.

Jusqu'ici ces détails sont toujours compatibles avec notre fourgon. En effet, sitôt les deux hommes rentrés:
Le fourgon démarre, et émet un bruit de moteur
Il oscille car il roule sur les traverses.
Il émet de la fumée car c'est probablement un moteur diésel, et aux gendarmes, Dewilde aurait parlé d'un bruit de tuyau d'échappement.
Il rougit à l'arrière car il doit allumer ses feux, pour s'engager dans le chemin de la chasse des saules.

C'est ensuite qu'intervient un élément qui ne peut pas correspondre à un fourgon:
Dans les quatre versions, l'engin s'èlève, et trois versions précise qu'il s'élève jusqu'à une dizaine de mètres.
Diable! Etait-ce réellement un engin volant? Non! Un engin volant, soucoupe ou hélicoptère, se serait évidemment posé dans la pature voisine, et non sur la voie, entre une cloture et des fils téléphoniques.

Mais un dernier détail va nous permettre de comprendre:
L'appareil a disparu rapidement, fila comme l'éclair en direction d'Anzin en ressemblant à une boule de feu, disparut à une vitesse prodigieuse comme une boule de feu.
Boule de feu? vitesse prodigieuse? Mais c'est un bolide ça!

Donc la première phase de l'observation correspondrait bien à un fourgon, et la dernière à un bolide, observé au moment au le fourgon disparaissait dans la nuit. La coincidence peut paraitre extraordinaire, mais si elle n'avait pas eu lieu, il n'y aurait tout simplement jamais eu d'affaire de Quarouble.

Des témoins décrivent un bolide

Ravet
un témoin de Vicq
Mais si c'était un bolide, d'autres témoins l'auraient sans doute vu aussi. Or d'autres témoins l'ont également vu, de leurs yeux vu.
Ce sont d'abord des habitants des communes voisines de Quarouble, persuadés qu'ils avaient vu l'engin qui s'était élevé de Quarouble:
à Onnaing M. Edouard Auverlot et M. Hublart ont vu passer une lumière dans le ciel à l'heure indiquée par Dewilde.
A Vicq, trois jeunes gens dont Augustin Ravet, ont vu le passage d'un objet très brillant venant de la direction de Quarouble. Ce qui ne veut pas dire qu'il paraissait dans la direction de Quarouble mais qu'il semblait en venir en suivant une trajectoire Est-Ouest.

Et selon Nord-Eclair: "Plus de dix personnes ont déclaré avoir vu, ce soir là, aux environ de 22H 30, soit une « boule de feu », soit un « disque laissant échapper une trainée de feu » dans le ciel. Tous les témoignages concordent pour affirmer que l'engin se dirigeait vers Anzin."

D'autres témoignages locaux sont mentionnés douze ans plus tard par Aimé Michel, à Bruay-Thiers, et à Valencienne La Briquette. Un autre témoignage encore plus tardif concerne une observation à la station de pompage de Vicq. Ces observations ne sont guère utilisables, non seulement à cause du délai, mais aussi parce que certains détails (panne mystérieuse) semblent importés de la mythologie ufologique.

Mais on aurait vu cet objet de bien plus loin, ce qui s'accorde bien avec l'hypothèse d'un bolide:
Le Parisien Libéré du 15 Septembre écrit: "Un de nos lecteurs, M. Georges Treussier, 32 rue Mazarine, à Paris, nous écrit pour nous signaler que sa femme, demeurant à l'Aventure, commune de la Villeneuve-en-Chévrie, par Mantes la Jolie, (S.-et-O.), a aperçu, Vendredi dernier, vers 22 heures, à 12 km de Vernon, un objet ovale et brillant d'une lumière éclatante, qui parcourait le ciel à grande vitesse."
La description correspond parfaitement, mais l'heure correspond mal. Mais il faut se rappeler que ce n'est pas le témoin lui même qui parle, et que l'heure est approchée.

Mieux, (ou pire), on l'aurait vu à Dieppe, selon une source que nous avons eu entre les mains, mais actuellement introuvable, après que la bibliothèque ait subi six déménagements (et davantage encore de cambriolages).

Le témoin reconstruit son observation

Ravet
Mme Dewilde montre l'endroit
Arrivés ici, nos avons deux scènes aussi explicables l'une que l'autre, reliés par une scène absurde:
- Deux individus, chargés rejoignent un fourgon en cherchant à se cacher, puis le fourgon disparait dans la nuit.
- Un brillant bolide passe et disparait vers l'ouest, donc dans une direction voisine.
La scène absurde, c'est: Le fourgon s'élève dans les airs jusqu'à une dizaine de mètres.
Oui mais: le bolide partait dans la même direction que le fourgon.
D'autre part, pour Dewilde, l'engin, qui lui avait fait perdre l'usage de ses membres, était aussi mystérieux que le bolide. Il n'avait donc pas de raison de dissocier les deux.
Ainsi, il y a une menace de dissonance cognitive: L'engin a disparu au niveau du sol, et a réapparu à hauteur des arbres, puisqu'en face de Dewilde, il y avait un bois, que montre la photo ci-contre, prise à peu près de l'endroit où se trouvait Marius Dewilde.
Ne pouvant admettre que l'engin se soit dématérialisé pour se rematérialiser à hauteur des arbres, le cerveau de notre témoin reconstruit une phase illusoire, ou l'engin s'élève à une dizaine de mètres avant de partir franchement vers l'ouest. Il n'y a la dedans ni hallucination, ni tromperie. Le témoin a réellement cru voir cette scène.
En fait, c'est une classique illusion d'optique qu'on retrouve dans certaines images animées: notre cerveau imagine un mouvement illusoire sur la base de l'image initiale de ce mouvement et de son image finale, comme dans l'exemple ci dessus

On a l'impression de voir la figurine qui se prosterne et se relève, alors qu'en fait, il n'y a que deux images.

Oui, mais maintenant, pour Dewilde, ça change tout. Ce n'est plus des contrebandiers et un chariot de récolte. Ce sont les occupants d'un engin fantastique!

Le témoin prévient les autorités.

gendarmerie
la gendarmerie de Quiévrechain à Blanc Misseron
Reprenant au moins le controle de ses membres, à défaut de ses esprits, le témoin court prévenir sa femme.
Sa femme tarde à réagir, et c'est bien normal si elle venait de s'endormir. Quand le témoin ressort, il n'y a plus rien, et c'est bien normal aussi puisqu'il n'y avait déjà plus rien quand il était rentré.
Il décide d'aller prévenir les autorités. Sa femme tente de le dissuader, lui demandant d'attendre le lendemain, mais lui insiste. Il va prévenir un voisin (probablement le locataire du passage à niveau voisin), puis part en suivant la voie ferrée, prévenir la gendarmerie.

Mais à la gendarmerie de Blanc Misseron, il a beau sonner et frapper, personne ne répond. Avisant un café encore ouvert, il entre y raconter son histoire. On l'écoute avec étonnement, et lui suggère d'aller au commissariat d'Onnaing.

visite
Le commissaire enquète
Il repart donc par la R.N. 29 vers Onnaing (à plus de 5 km) et peut enfin s'expliquer devant les deux policiers de garde. Ceux ci constatent que Dewilde est pâle et tout effrayé. Mais sont récit est si extravagant que les agents ne jugent pas utile de réveiller le commissaire qui habite sur place. Ils renvoient donc Dewilde chez lui, mais préviennent ensuite le commissaire.

Le commissaire Gouchet se rend sur place le lendemain matin pour interroger Marius Dewilde sur les lieux même de son observation. Il y est rejoint par un journaliste qui photographie les investigations du commissaire sur la voie.
Mais ce jour là, le commissaire ne trouve aucune traces probantes. Il previent tout de même la police de l'air qui vient inspecter les lieux dans l'après midi, sans rien trouver non plus.

Les gerdarmes de la brigade de Quiévrechain finirent par venir aussi, puisque le territoire de la commune de Quarouble était de leur ressort. Mais curieusement on ne trouve pas trace de leur intervention dans les journaux locaux.

Une autre inspection, ce samedi 11, donne le même résultat: M. Delvincourt, chef de voie à la SNCF, arrive sur les lieux. Il y trouve du monde, la police. Il se présente, et inspecte la voie comme chaque Samedi sans rien trouver d'anormal.

La légende du vélomoteur

bouton vélomoteur
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Il y a parfois dans un récit des choses tellement vraisemblables qu'il ne viendrait à l'idée de personne de les contester. Tous les livres, revues ou reportages divers actuellement disponibles, ainsi que les sites internet, racontant l'observation du 10 septembre à Quarouble, écrivent que Marius Dewilde est parti sur son vélomoteur prévenir les autorités. Quoi de plus normal, lui qui habitait à plus de deux kilomètres de toute agglomération?
Mais qu'on ait l'idée saugrenue de vérifier, et l'on découvre que même l'histoire du vélomoteur n'est qu'une légende: en réalité, Marius Dewilde n'avait qu'un vélo.

L'arrivée des gendarmes

bouton gendarme
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Nous avons vu que le témoin avait échoué dans sa tentative d'aller prévenir la gendarmerie de Quiévrechain. Les gendarmes furent néanmoins prévenu indirectement dans l'après-midi du lendemain. Ils se rendirent donc au P.N. 79 où ils rencontrèrent Marius Devilde qui leur montra le lieu ou l'engin s'était posé. Nous ignorons tout de ce qu'ils se dirent, mais on peut remarquer qu'aucun journal ne parla de la visite des gendarmes, et on peut même se demander si les journalistes pensèrent à se renseigner après de la gendarmerie, alors qu'ils furent plusieurs à le faire auprès du commissariat d'Onnaing.

Les journalistes soucoupisent et martianisent.

bouton vélomoteur
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Le journaliste venu sur place, après avoir découvert l'affaire en se renseignant sur les faits divers au commissariat, a ensuite prévenu des collègues, qui eux mêmes... Bref, l'histoire se répand comme une trainée de poudre: un habitant de Quarouble a vu un décoller engin mystérieux et ses passagers.
Cela pu rester un curieux fait divers sans un concours de circonstances:
D'abord, on était en train de reparler des soucoupes volantes, et l'une d'entre elles aurait été vu près du sol, trois jours avant, dans la Somme.
Ensuite, les cinémas venaient de passer le film "La Guerre des Mondes", où les martiens nous attaquent.
Le résultat est que les journalistes ne vont plus traiter l'affaire (en y croyant, ou pas) que comme l'atterrissage d'une soucoupe volante pilotée par des martiens.

La découverte des traces.

bouton traces
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Le commissaire Gouchet, venu inspecter les lieux le samedi matin, n'avait relevé aucune traces convaincantes. L'après midi, la police de l'air n'avait rien remarqué non plus, et le chef de voie pas davantage.
Voila Marius Dewilde bien ennuyé: Il sait aussi bien que le commisaire, que dans sa situation, il a intérêt à être bien vu de la police, et à ne pas lui raconter d'histoires.
Or, merveille, le lundi suivant, les inspecteurs de la police de l'air, revenus sur les lieux, découvrent des traces toutes fraiches et régulièrement disposées, là où était supposé avoir stationné l'engin.
Voila l'observation de Dewilde confirmée, et les actualités Pathé vont venir l'interroger et se faire montrer les traces.
Le chef de voie, lui, n'y verra que des coups de burin (mais ne le dira que bien plus tard).

Marius Dewilde vedette et victime

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En l'espace de quelques jours, Marius Dewilde, "l'parisien", l'obscur, le sans grade, accède à la célébrité. Il est l'homme qui a vu des martiens. On voit son histoire dans les journaux, les hebdomadaires et même aux actualités cinématographiques. Des dizaines de journalistes défilent chez lui. Il leur vend des casse-croutes, mais doit affronter leurs questions, alors qu'il ne sait pas grand chose des hommes qu'il a vu.
Il reçoit aussi un abondant courrier.
Le revers de la médaille, c'est que la SNCF apprend, comme la France entière, que la maisonnette du PN 79 était habité par un certain Marius Dewilde au lieu d'un agent de la SNCF. catastrophe! mise en demeure, papier bleu, et tout ça...
En plus, à Quarouble, on se moque de lui, au point qu'il envisage de porter plainte.

L'hallucinante seconde rencontre de Marius Dewilde

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La seconde rencontre de Marius Dewilde est indissociable de la première dans le folklore Dewildien.
Pourtant, nombre d'ufologues doutent de sa réalité: Il y a trop d'éléments absurdes, qui ne correspondent pas du tout à un authentique atterrissage d'un engin extraterrestre.
Mais cette seconde rencontre semble une étape dans le chemin que va faire Dewilde vers le contact.
La difficulté est que, si cette étape est manifeste dans le récit fait à Marc Thirouin en septembre 1957, nous ne savons pas si le récit fait au commissaire en octobre 1954, était aussi riche, et donc aussi proche du contact.

La légende de la traverse

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Tout une légende s'est construite à partir des traces de Quarouble. Vous pensez: D'authentiques traces d'un engin extraterrestre (dont curieusement, le train d'atterrissage était optimisé pour se poser sur les voies ferrées).
C'est sur l'une des traverses que les traces étaient le plus visible. Bien sûr, cette traverse a disparu depuis longtemps, mais qu'est elle devenue? Selon ce que raconte dans son livre Marius Dewilde lui même, les traverses aux empreintes avaient déja disparu quand vinrent les journalistes de Radar, mais avaient déja été filmées.
En fait, le reportage des actualités Pathé montre bien les traces, mais elles furent aussi photographiées pour Radar qui publia la photo le 26 septembre, et fit même le 17 octobre un reportage bidonné où Dewilde démontait et emportait la traverse.

Jimmy Guieu et l'affaire de Quarouble

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Jimmy Guieu (Henri-René Guieu pour les intimes), né en 1926 et parti visiter l'autre monde en l'an 2000, est aussi bien connu pour ses romans de Science fiction de kiosque de gare, que pour avoir été un écrivain ufologue, adepte de l'hypothèse tole et boulons. Il a aussi grenouillé dans le paranormal et l'histoire fantastique.
Cette double casquette va lui faire opérer une savante salade, ou tantôt l'ufologue se souvient des thèmes de la science fiction, et tantôt l'écrivain récupère des thèmes ufologiques ou paranormaux.
Dans le cas de l'affaire de Quarouble, il fut auteur de science-fiction avant d'ètre ufologue, car dès 1955, il récupéra l'affaire de Quarouble, ou tout au moins l'observation du 10 septembre, pour l'incoporer dans le premier chapitre de "Commandos de l'espace", alors qu'il faut attendre l'année suivante pour qu'il la raconte dans Black Out sur les Soucoupes Volantes.

Aimé Michel crédibilise l'observation

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Aimé Michel est surtout connu en ufologie pour avoir trouvé une disposition géométrique en alignements (démontrée illusoire depuis) dans les observations de soucoupes de 1954.
Dans son livre de 1958, Mystérieux Objets célestes, où il prétend démontrer cette théorie des alignements, il ne consacre pas moins de huit pages à la première observation de Quarouble. Ni Jimmy Guieu, ni lui n'ont connaissance de la seconde.
Aimé Michel s'attache à démontrer le sérieux de cette observation, en donnant de la crédibilité au témoin, de la cohérence au récit, et de l'autorité à l'enquète. C'est de son livre que vient la légende du poids de 30 tonnes.

L'enquète de Marc Thirouin

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A part les investigations, très sensationalistes des journalistes, aucune enquète n'a été faite qui soit aujourd'hui disponible. Les investigations du commissaire Gouchet, l'enquète de la police de l'air et celle de la gendarmerie sont - du moins actuellement - inaccessibles.
La première enquète dont nous disposons est celle que Marc Thirouin a publié dans la revue Ouranos, fin 1959. Cette enquête occupe 9 pages de la revue, avec photos, plan et dessins. Malheureusement, Thirouin n'était pas scientifique, mais juriste et collaborateur d'une revue d'ésotérisme, et son enquète ne visait pas à anayser les faits pour comprendre ce qui s'était réellement passé, mais à savoir si on pouvait faire confiance à son témoignage.
Or selon Thirouin, on pouvait lui faire confiance, et c'est ainsi que l'affaire est entré dans la légende.

La destruction de la maisonnette du témoin.

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Non, messieurs les tour-operators, il n'y a pas de trains spéciaux pour le P.N.79 à Quarouble: les voies ont été démontées.
Non, messieurs les nostalgiques, il n'y a pas de pélerinage à Quarouble. Plus personne, là bas ne sait exactement où se trouvait la maisonnette du témoin.
Non, messieurs les touristes, il n'y a pas de musée de la soucoupe volante à Quarouble. La maisonnette qu'occupait Marius Dewilde a été rasée.
Non, messieurs les ufomânes, ce n'est pas un complot. Les entreprises que desservaient ces voies ont cessé leur activité, la maisonnette ne servait plus à rien, et elle n'a pas été rasée juste après l'expulsion de Marius Dewilde, mais des années plus tard.

1963 La curieuse analyse de Michel Carrouges.

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Michel Carrouges (Louis Couturier dans le civil) est le premier auteur à avoir publié un livre francophone sur les OVNI à 45% de M.C. (matériau critique).
Avant lui, Aimé Michel, Charles Garreau ou Jimmy Guieu s'était surtout attaché à prouver la réalité des soucoupes volantes. Michel Carrouges ose aborder le problème sous l'angle de l'analyse historique et logique. Bien que relayant beaucoup la rumeur soucoupique des années 50, ce livre est une enquète plus objective sur les OVNI, desservi par un titre assez accrocheur.
Malheureusement, dans son étude de l'observation du 10 septembre, Carrouges se fie aveuglement au récit publié par Aimé Michel (qui ne citait pas ses sources), en sorte que la cohérence qu'il trouve dans le récit n'est pas celle de l'observation, mais celle de la reconstitution Michélienne.

L'affaire de Quarouble en bande dessinée.

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On peut mesurer l'importance d'une affaire dans la culture populaire au nombre de bandes desinées qu'elle inspire.
L'affaire de Quarouble ne s'en tire pas trop mal, du moins quant au nombre. Par contre pour la véracité de la représentation, cest une autre histoire. Il y a manifestement des auteurs qui ont essayé de se documenter, et d'autres qui se sont contentés d'informations de troisième main.
Jaques Lob et Robert Gigi font partie de ceux qui ont essayé de se documenter. Mais essayé seulement, car ils se sont documentés au niveau des revues d'ufologie, et non des sources les plus proches des faits, comme les journaux locaux. Ce sont donc eux qui ont fait la reconstitution la moins mauvaise.

Marius Dewilde sur la voie du contact

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Pendant que des ufologues racontent à leur façon les observations de Marius Dewilde, celui ci écoute d'autres ufologues, censés en savoir plus que lui sur les soucoupes volantes et les extraterrestres.
Résultat: il reconstruit progressivement ses observations pour les rendre plus conformes à ce qu'il a cru comprendre des enseignements de ces messieurs (ou plutôt, de leurs élucubrations). Il va donc insister sur sa prétendue deuxième observation qui les intéresse particulièrement.
En 1977, le sous-titre de l'émission "Aujourd'hui Magazine", le présente déjà comme contacté.
Et au fil de ses contacts avec des ufologues, ce sera de pire en pire. Il va raconter des histoires de plus en plus ébouriffantes.

Marius Dewilde contacté!

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Nous avons vu qu'interviewé par Jacques Lob, Marius Dewilde avait de plus en plus enjolivé son histoire, et qu'en 1975 l'évolution de Marius Dewilde le dirigeait vers le statut de "contacté".
Nous avons vu qu'en 1977, la sous-titre de l'émission "Aujourd'hui Magazine", le présentait comme contacté.
Nous allons voir qu'à partir de 1980, Marius Dewilde ve définitivement se comporter comme un contacté, racontant dans son livre des histoires passablement délirantes (et qu'on pouvait vérifier fausses).
La faute de ce naufrage intellectuel en incombe, comme nous l'avons vu, à tout ceux qui sont venus l'interroger, et lui ont rempli la tête de belles histoires en lui laissant entendre qu'ils savaient mieux que lui ce qu'il avait vu.

L'affaire de Quarouble entre dans l'histoire.

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Arrivé là, l'affaire ayant été enjolivée jusqu'à la folie, et le témoin étant mort, il ne nous reste plus, non qu'à lui élever une statue, mais à raconter son aventure dans les manuels d'histoire.
Et c'est là qu'on voit la différence entre les vrais historiens, qui cherchent à trouver les sources les plus proches des faits, et les "moines copistes", qui recopient, parfois par copié/collé, les affirmations d'un autre.
Un ufologue qui s'est comporté en vrai historien, après la parution du livre de Marius Dewilde, est, par exemple, Jacques Bonabot, qui a publié dans sa revue, une analyse de l'affaire, en treize livraisons, étalées sur quatre ans. Inversement, d'autres ont bêtement pompé dans le livre de Dewilde, avec comme conséquence qu'ils ont recopié ses inventions.

Les représentations de l'engin de Quarouble

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A quoi ressemblait donc cette fichue soucoupe volante de Quarouble?
Aucun enquéteur ne s'est préoccupé d'en faire un portrait robot. Tout au plus voit on les journalistes de Nord France demander à Marius Dewoilde de leur dessiner l'engin qu'il a vu.
Pire: on peut soupçonner qu'un enquéteur lui a montré une photo de soucoupe en lui demandant "est-ce bien cela que vous avez vu?". Ce qui serait à l'origine du mythe du blockhaut contenant une soucoupe capturée par l'armée.
Résultat: Des dessinateurs vont tenter de reconstituer tant bien que mal, et plutôt mal que bien, ce qu'ils imaginent que Dewilde a vu, et le résultat ne sera jamais convaincant.
Alors que Dewilde a vu un fourgon dans l'obscurité, puis un bolide, on se retrouve avec un engin en forme de cloche d'église!

Les petits êtres démystifiés!

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Aucun ufologue ne s'est préoccupé de représenter les petits êtres en "caméra subjective", c'est à dire exactement comme Dewilde les avait vu. Etonnament, le seul à les avoir représenté ainsi est... Marius Dewilde lui même.
Aucun ufologue ne s'est non plus préoccupé de connaître la taille réelle des petits êtres, ni quels vêtements ils portaient réellement. Le seul à se soucier de la taille et de l'apparence réelle fut le commissaire Gouchet qui fit une expérience qui montra que la petite taille et les larges épaules des êtres étaient illusoires.
Finalement, l'observation de Dewilde s'explique parfaitement avec deux hommes d'environ 1.60 m, portant des casquettes à visière luisante. Le plus fort est que ces deux hommes auraient été revus le lendemain à Quarouble!

Comment en est on arrivé là?

Après avoir suivi le film de l'affaire, nous avons vu que Marius Dewilde n'a jamais vu qu'un fourgon, ses occupants, et un bolide.
Mais il a tout de même fallu un curieux concours de circonstances.
En particulier un traumatisme cranien, assorti de séquelles nerveuse, qui lui a provoqué un blocage nerveux, assorti de picotements, lorsque qu'il a été ébloui et surpris par le faisceau d'une lampe torche. Ces picotement sont d'ailleurs symptomatiques d'un phénomène nerveux, et non d'une paralysie. S'il avait été paralysé, il se serait tout simplement effondré. Quant à l'éblouissement, il s'accompagne d'irisations, vertes et roses, où les soucoupistes ont sélectionné le vert, pour pouvoir s'imaginer que Dewilde avait été paralysé par un "rayon vert". Sans ce blocage, Dewilde aurait probablement pu voir les êtres monter dans le fourgon en constatant que ce n'était pas des nains.

La deuxième circonstance est la quasi simultanéité de la disparition du fourgon, et de l'apparition du bolide, sans compter que le bolide est parti à peu près dans la même direction que le fourgon. Si ce bolide était passé une demi-heure plus tard, ou le fourgon trente minutes plus tôt, Dewilde n'aurait pas fait l'assimilation, et aurait probablement attendu le lendemain pour aller raconter à la gendarmerie qu'il avait été paralysé par les occupants d'un véhicule bizarre, qui était parti par la chasse des saules. Il n'y aurait pas eu de quoi rameuter tous les journalistes de France et de Navarre.

Or deux jours après, l'histoire est devenue un atterrissage de soucoupe volante. Trois jours après, on apprend qu'un passager de soucoupe volante a embrassé un cultivateur corrézien. Quatre jours après ce sont les martiens qui sont venus à Quarouble. Les apparitions de "martiens" vont alors se multiplier pendant près de deux mois.
Et nous avons vu que le témoin ne cessera d'enrichir son récit, et de finir par raconter une histoire complètement paranoïaque, où les gendarmes viennent trente ans plus tard pour lui faire avouer ce qu'il a caché en lui cassant quatre côtes.

Mais comment est ce possible?
Ce fut possible par un autre enchainement de circonstances. D'abord pourquoi les journalistes ont ils parlé tout de suite de soucoupe volante, alors que Marius Dewilde n'avait rien dit de tel?
Parce que la presse était conditionné à un retour des "soucoupes volantes", qui avaient déja largement fait parler d'elles en 1952, avec une grande vague aux Etats-Unis, et une petite vague en France, avec même un atterrissage à Marignane.

Mais voila que, dans son numéro 266 du mois de Mai 1954; Paris-Match annonce:

  Soucoupes volantes: épidémie prévue pour aout
  L'été 1954 sera fertile en apparition de soucoupes volantes, assure le professeur Aimé Michel

Le 2, Juillet, on apprend qu'un avion anglais de la BOAC a été escorté par des soucoupes
Le 10 Juillet, des objets lumineux sont repérés au dessus de la Finlande
le 14 juillet, les journaux français révèlent que Lord Dowding, maréchal de l'air, a affirmé que les soucoupes volantes sont des engins venus d'autres planètes pour nous surveiller.
Le 24 Aout un mystérieux cigare est observé dans le ciel de Vernon. Voila la prédiction d'Aimé Michel confirmée
Le 26 aout, on apprend qu'une mystérieuse flamme suivi d'un mystérieux rectangle à ailettes, suivi de non moins mystérieux hublots lumineux a été vu près de Chateau Chinon
Le 30 aout, un bolide survole la région parisienne.
Le 7 septembre, dans la Somme, deux maçons observent un engin en forme de meule à ras du sol. "Une soucoupe volante s'est elle posée près d'Amiens", titre La Voix du Nord. C'est clair: les soucoupes sont chez nous, et elles cherchent à atterrir.

On comprend que les premiers journalistes, arrivés le 11 à Quarouble, n'aient pas pensé "fourgon", ni même "engin mystérieux", mais bien "soucoupe volante".
Et pour les suivants, ce sera encore pire, d'autant que certains d'entre eux avait peut-être lu, "le dossier des soucoupes volantes", de Donald Keyhoe, ou "les soucoupes volantes viennent d'un autre mode" de Jimmy Guieu.

Guerre des mondes
Nous savons donc pourquoi les journalistes ont pensé à une soucoupe, et fait dire à Dewilde que c'était une soucoupe.
Mais pourquoi voulaient ils que cette soucoupe ait été pilotée par des martiens?
Rappelons nous que dès 1950, Donald Keyhoe avait affirmé que les soucoupes volantes ne pouvaient être que d'origine extraterrestre.
Rappelons nous aussi que la planète Mars est notre plus proche voisine, et qu'à cette époque, on ne savait pas encore que la planète Mars n'était qu'un désert, couvert d'une atmosphère de gaz carbonique. Bien que controversée, l'hypothèse des canaux de Mars, et donc, des martiens, imprégnait encore notre culture. Or, on était dans une période de rapprochement de la planète Mars, au point que quelques observations de soucoupes ne furent en fait que des confusions avec cette planète.
Mais ce n'est pas tout, cet été là, le film "La guerre des mondes" (où les martiens nous attaquent), était sorti sur nos écrans, en particulier début septembre à Valenciennes. Il était donc logique de poser: Soucoupe volante = engin martien.
Et voila comment, dès le 14 Septembre, les journalistes affirmeront que Marius Dewilde aurait vu des Martiens.

C'est tout à fait évident aux actualités cinématographiques:
Les actualités Pathé en font leur titre, et les actualités Gaumont, tout en montrant des images documentaires, débitent un texte stupide, asséné comme un discours de propagande, où il n'y a rien de vrai (Hormis le nom de Dewilde)

actualités Pathé
Quarouble aux actualités Pathé
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           actualités Gaumont
Quarouble aux actualités Gaumont
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On peut mesurer comment le pauvre Dewilde a été ridiculisé dans des buts bassement mercantiles.
On comprend qu'à Quarouble, où il n'était dèjà pas en odeur de sainteté, la population ait été excédée par cette histoire.
On comprend cette annonce du journal Nord Matin du 29 octobre: "M. Dewilde est devenu misanthrope". Il y a de quoi être écoeuré, en effet. Qu'avait donc fait Dewilde aux journalistes, pour qu'ils se moquent de lui avec des raffinements de cynisme? On réclamerait bien du goudron et des plumes pour de tels journalistes!

Plus tard, les ufologues tendront vers lui une oreille compatissante, ils lui donneront une explication de ce qu'il a vécu. Hélas, ce sera pire, car, comme nous l'avons vu, ils vont le mener vers la folie.



Notes et références

1) Liberté, éd. Valenciennes, 19/10/1954 p 4

2) Claude Gaudeau et Jean Louis Gouzien, Observation du 10 septembre 1954 par Marius Dewilde, I.R.A.M.E., 1981

3) Jimmy Guieu, Black Out sur les Soucoupes Volantes, éd. Fleuve Noir, 1956 p 113

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Dernière mise à jour: 30/04/2024